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uliette le sent : à ce moment de sa vie, elle a besoin de l’énergie animale qui lui correspond. Elle se saisit d’une feuille et laisse sa main danser librement sur le papier. Rien. L’animal totem n’apparaît pas et ne demeurent que des gribouillis illisibles. Pour mettre en ordre ses idées, Juliette décide de se promener dans le parc voisin… Au passage d’un goupil devant elle, tout s’éclaire. Le voilà, très nettement dessiné : le renard !
Après cette introduction, Jean-Claude Servais propose une succession de courtes histoires (quelques planches au maximum) dédiée à cette bête fascinante. Souvent décrit comme rusé, voire fourbe, le renard serait communément perçu comme jouissant de nombreuses facilités. Une vie de chanceux où tout lui sourirait. L’animal est pourtant bien plus complexe et ambigu que cela. Malicieux mais responsable, poursuivi par les chasseurs, il s’avère surtout être un symbole de détermination. Ce sont toutes ces facettes que l’auteur tente de mettre en images. Que penser, dès lors, de ce premier tome de La faune symbolique ? Les différents animaux, et particulièrement la star de ce volume, sont dessinés avec une grande justesse et de nombreuses cases s'avèrent très agréables à admirer. Une succession de belles illustrations ne suffit, toutefois, pas à faire une bonne bande dessinée. Moins inspiré sur les personnages humains, le dessin manque de mouvement et, surtout, ne se met pas au service d’une narration ambitieuse. Patchwork d’épisodes sans réel fil rouge ni histoire d’ensemble, l’album transpire de bonnes intentions mais vise un peu à côté, à l'image des dialogues trop peu naturels.
Si Renard rusé vaut le coup d’œil pour le travail graphique de Jean-Claude Servais, il laisse principalement un sentiment de frustration.
Il y a longtemps que je ne m'étais pas plongé dans le travail de Servais. Le dessin est toujours aussi séduisant, magnifique de réalisme et de poésie. Visages habituels, souvent les mêmes depuis bien longtemps, paysages, maisons et animaux splendides.
Après.... dans ses œuvres passées, il y avait quand même souvent un scénario, même si assez simple. Voici un énième ode à la nature et au temps passé, rempli d'humanisme, de nostalgie et de bons sentiments. Servais vit dans son monde, toujours plaisant mais où rien de nouveau ne vient troubler l'ordre établi.