I
l y a trois ans, en pleine pandémie, ils avaient eu peur (cf. Les Catastrophobes ). Si le virus est passé, la planète craque toujours de partout, ils ont cependant réfléchi et veulent mieux faire. L’année sabbatique a été posée, ils se donnent douze mois pour tester leur solution : aller habiter à la campagne et devenir auto-suffisants ! Madame est gonflée à bloc et déborde d’idées, Monsieur, un peu – beaucoup – moins.
La néo-ruralité est dans l’air du temps, le retour à un mode de vie plus simple et plus sain également. Didier Tronchet se devait de faire le point et suit ce couple plein de bonne volonté (enfin, surtout elle) dans son installation loin de la ville et de la surconsommation. Amusants et pas mal éculés, ces gags en une planche permettent principalement à l’auteur de Jean-Claude Tergal de souligner les paradoxes du genre humain. Plus de liberté et d’éco-responsabilité, mais avec des services pas trop loin et aucune perte de qualité de vie.
Autre bémol, les chassés-croisés et les désirs contradictoires de ce duo (les enfants sont au pensionnat et pas pressés d’essayer les toilettes sèches nouvellement installées) ne se montrent guère inspirés et rendent la lecture peu prenante. Un sourire ici ou là et pas beaucoup plus. Visuellement, le dessinateur joue aussi l’économie et se limite à détailler ses anecdotes sur six cases en moule à gaufres. Cela donne un genre et une certaine cohésion à l’ensemble, mais quelle monotonie !
Un humour bien sage et sans aspérité, des répétitions cachant un léger manque d’inspiration, Tous à la campagne ! est un album mineur qui a peut-être le tort d’exploiter trop frontalement une thématique moult fois (re-)visitée depuis Le retour à la terre de Ferry et Larcenet.
C'est vrai qu'avec le COVID, le mot d'ordre de la plupart des parisiens était « tous à la campagne ! ». Certes, mais on ne voudrait pas que les campagnes se transforment en ville avec une telle abondance d'habitants.
Didier Tronchet reprend ce thème de la redécouverte de la campagne afin de s'y réfugier dans une BD humoristique sur un mode d'un gag par page. Il est vrai que ce sujet est plutôt généralement traité sur le mode sérieux et que cela fait parfois du bien de tourner cela en dérision.
En effet, on va suivre une sorte de transition écologique assez radicale pour un couple qui organise un déménagement pour vivre à la campagne. Il est clair que c'est un tout autre environnement et qu'il faudra s'adapter loin de l’opulence et du confort de la société de consommation. C'est à ce prix qu'on peut connaître une certaine forme de sérénité dans le calme parfois oppressant.
J'ai bien aimé cette contradiction dans ce couple de citadin entre la femme voulant retrouver le goût de la nature et rompre avec les valeurs capitalistes détruisant la planète et le bonhomme trop attaché à son luxe parisien et qui fait tout pour retourner dans la capitale.
Sur le fond, ce n'est pas l’œuvre de l'auteur que je préfère le plus. Il nous avait habitué à beaucoup mieux ces derniers temps que cet humour parfois trop poussif et trop bon enfant en ce qui me concerne. Cependant, l'ensemble demeure tout de même assez sympathique et divertissant.
Une BD pour les adeptes de la sobriété et du végétarisme sur des thèmes très actuels !