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ne sphère luit dans les ténèbres. Soudain, à l’intérieur, un germe pointe, une tige se dresse, une feuille se déploie. Bientôt, de minuscules branches s’arcboutent contre la paroi de l’orbe qui éclate. Libéré, l’arbuste grandit quand un lance-flamme l’incendie, le réduisant en cendres. Face à ce énième désastre, des lutins se rassemblent, leurs bras serrant de fragiles globes rescapés. Cette nuit, ils vont jouer leur ultime carte : confier ces précieuses merveilles aux petits humains.
En trois planches, Marta Cunill (On arrive !, Petit le Poisson) introduit avec efficacité un conte écologiste destiné aux plus jeunes lecteurs, mais qui saura également retenir l’attention des plus grands. Ainsi, elle dévoile une contrée urbanisée à l’extrême et dont le ciel est envahi par la masse grise de fumées d’usines empêchant le soleil de percer. Là, une politique aveugle à tout autre objectif que l’enrichissement a décrété l’extermination des végétaux. Dans ce contexte, les petites créatures imaginées par l’autrice font figure de gardiennes d’une flore en voie d’extinction et cherchent un moyen d’enrayer le processus. Leur choix se porte sur les seuls qui leur paraissent à même d’améliorer l’avenir en relevant le défi : les enfants ; autrement dit, une génération encore innocente, curieuse et capable de s’émerveiller.
Derrière un aspect élémentaire, voire caricatural quand il s’agit d’aborder le rôle des politiciens et des industriels ou de (dés)informer les citoyen.nes, le propos recèle un message fort et militant. Certes, il tire la sonnette d’alarme, mais il se veut également positif – le dénouement est heureux – et bienveillant. Marta Cunill cherche surtout à éveiller les consciences juvéniles en expliquant que chacun a la capacité d’œuvrer en faveur de la planète, malgré les obstacles, notamment institutionnels, et les idées préconçues. Elle le fait intelligemment et de manière parfaitement adaptée au public visé.
L’histoire est portée par un dessin au trait fin et aux formes simples. Les planches sont généralement découpées en quelques grandes cases, alternant avec des bandes horizontales ou verticales et quelques pleines pages. Les lutins, ainsi que les sphères lumineuses apportent une touche de fantaisie et de poésie, laquelle se retrouve dans l’épanouissement des arbres aux courbes et feuillages luxuriants. Enfin, le coloriage n’est pas en reste : l’impression de marques de traits au feutre ou au crayon et le choix restreint des couleurs lui confèrent un rendu enfantin agréable.
Récit bien raconté et joliment illustré, Les merveilles mérite d’être découvert par les bédéphiles en herbe (à partir de 6-7 ans) et leurs parents.
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