L
e barbarin fourchu a été dérobé ! Son propriétaire légitime, le comte Adelphin de Beaumashin, flanqué de son ami Sérafinio Alvaraide et du Major Loostalo, se lance dans une folle équipée pour retrouver le mystérieux objet.
Durant l'hiver 1942-43, Boris Vian compose ce récit loufoque et rocambolesque. Les aléas de la vie et de l'édition firent qu'il ne fut publié que de manière posthume, en 1966. Pourtant, ce texte, qui aurait pu prétendre au titre de premier roman pour son auteur, n'a rien d'un péché de jeunesse. Il contient déjà tout ce qui fait la spécificité de l'œuvre de l'écrivain. Les néologismes poétiques habitent une intrigue échevelée qui empile les situations rocambolesques jusqu'au vertige. Rien ne bride la folie narrative qui se déploie dans ce mélange improbable entre comédie snob, mystère policier, espionnage cocasse, aventures exotiques et d'autres ingrédients tout autant inattendus.
Adapter une création à ce point foutraque demande un certain culot, qualité dont ne manque pas l'artiste tchèque Petr Novak (alias PenoGraf). Sa transposition en bande dessinée s'affranchit des codes rigides du gaufrier pour composer des planches vivantes et dynamiques. L'inventivité visuelle répond aux expérimentations stylistiques dans un brouhaha halluciné qui fleure bon le jazz.
Mais, si l'effort se doit d'être salué, l'univers du chantre de Saint-Germain-des-Prés reste très particulier. Son originalité peut séduire, dérouter, voire irriter. Un réfractaire au style du créateur de L'écume des jours trouvera ce roman graphique parfaitement "imbitable". Sans doute est-ce une démonstration par l'absurde que le pari est réussi et que les amateurs y prendront un vrai plaisir.
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