D
ans la famille d’Isabelle, le fait que sa mère soit une enfant norvégienne ayant été adoptée par un couple français est une chose connue. Une origine un peu atypique, rien de plus. D'ailleurs, personne ne s’est jamais posé de questions à ce sujet. Cependant, un jour, au collège, un cours d’histoire portant sur le Lebensborn, le programme de sélection raciale mis en place par les nazis à travers l’Europe, y compris la Norvège, interpelle Isa. Les dates et les lieux correspondent. De plus, à l’image de sa mère, elle a les yeux bleus et ses cheveux sont blonds comme les blés. Sans compter que cette dernière a toujours refusé de raconter tout ce qu'elle savait à propos de ses parents biologiques… Serait-ce possible qu’elle soit la descendante d’un soldat allemand sélectionné pour ses gènes aryens ? En l’état, cette hypothèse est choquante, quoiqu'encore très floue dans l’esprit de l’adolescente. Celle-ci devra attendre quelques années avant d’en savoir plus.
Identité, rôle et sort réservé aux femmes, connexion avec un passé sombre et transmission des valeurs, Isabelle Maroger tape en plein dans le mille des considérations sociétales actuelles avec Lebensborn. Comment se construire quand ses racines sont inconnues ? À la veille de devenir elle-même maman, l’autrice ose ouvrir la boîte de Pandore de son histoire familiale. Les surprises vont être nombreuses, les révélations bouleversantes et les rencontres remplies de larmes et d’émotion.
Organisé en un savant patchwork temporel, l’album relie une multitude de fils narratifs ayant comme point commun la filiation matrilinéaire. Retours en arrière proches ou lointains, scènes du quotidien en mode proche du blogue girly, de nombreux et touchants portraits d’acteurs du passé et, en toile de fond, les projets natalistes fous d’Heinrich Himmler. L’ouvrage se montre percutant à plus d’un titre. Premièrement, le récit en lui-même s’avère passionnant en soi. Puis, la manière, la scénariste est parvenue à conserver une légèreté au ton et à la narration, sans jamais tomber dans la facilité ou la leçon de sociologie. Si la Guerre, ses conséquences et les réalités sociales du XXe siècle sont bien présentes, il s’agit avant tout d’un livre d’aujourd’hui et même tourné vers l’avenir. Grande Histoire, belles histoires, drame ou happy ending, c’est encore plus fort quand tout se révèle être vrai et avéré. Résultat, impossible de ne pas se sentir touché par cet incroyable témoignage.
Extraordinaire enquête aux ramifications tellement surprenantes et diverses, véritable auto-introspection rappelant Art Spiegelman et une réalisation graphique moderne et pétillante, Lebensborn est une réussite à tous les points de vue. Chaudement recommandé.
Ce livre donne un aperçu du programme nazi visant à fabriquer des enfants parfaits tant ils étaient obsédé par la pureté de la race. C'est quand même une histoire assez étonnante et un épisode peu connue de la Seconde Guerre Mondiale où les femmes et les enfants sont encore les victimes.
En effet, Himmler avait mis en place des maternités pour faire naître des bébés aryens parfaits. Cependant, nul n'est parfait en ce monde et il y a toujours un prix à payer. Le sujet semble bien documenté d'un point de vue historique ce qui le rend assez attractif malgré ce côté très sensible.
J'ai bien aimé cette enquête d'identité et de racines qui nous plonge dans cet enfer. Il s'agissait de lever le voile sur un passé familial douloureux. A noter également qu'il y a tout un aspect psychologique et familiale assez intéressant qui est exploité pour ne pas se contenter que du fait historique qui devient un peu la toile de fond.
Le message devient assez universaliste sur le fait qu'on naît tous d'une femme quelque soit nos origines ethniques. Il s'agit de ne pas différencier les gens et de ne pas tomber dans un racisme primaire comme on pu le faire les nazis à une échelle de la terreur.
Personnellement, je n'avais jamais entendu parler des Lebensborn. Du coup, cette BD a eu un caractère particulièrement instructif en ce qui me concerne. Cela sera peut-être le cas pour vous également.