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as de chance pour Everett, elle était au mauvais endroit et pas au bon moment ! La voici donc plongée dans une histoire qui n’aurait pas dû être la sienne. Mais nous sommes sur la côte Ouest des États-Unis, le 17 avril 1906 et demain sera un autre jour !
Peu d’entre nous s’en souviennent, mais San Francisco a failli disparaître le 18 avril 1908. C’était un mercredi au petit matin, un séisme d’une magnitude de 8 et les incendies qui s’ensuivirent allaient faire de la ville un champ de ruines et révéler ce que la nature n’a pas forcément de meilleur.
Sur cette base, Damien compose une fiction taillée au cordeau pour propulser son héroïne dans les tourments d’une ville et de vies qui s’effondrent. Se faisant, il lui fera croiser des personnages, témoins réels de ce désastre, et d’autres qui n’auront traversé que son imagination. Et comme pour donner plus de corps à ce qui n’aurait pu être qu’une promenade au milieu des décombres, le scénariste de Ceux qui me touchent l’incrémente d’une poursuite infernale où le Hop Sing Tong et la Mano Nera traquent Everett, détentrice malgré elle de ce qui pourrait être la troisième Judith de Gustave Klimt ! Dense, sans être complexe, didactique sans se vouloir historique, cet album bénéficie surtout de l’expressivité du dessin en couleurs directes de Fabrice Meddour. Inutile donc de s’étendre davantage sur ces deux auteurs aux mérites reconnus et qui concourent à toute la singularité de ce premier volet du diptyque.
San Francisco 1906 : Les trois Judith est un album sur lequel les amateurs de récit bien construit et de belles planches pourront se pencher à loisir.
Fabrice Meddour est un artiste trop peu connu. Surgi dans les années 1990 avec une série qui a marqué son époque, Hispanola, sa technique en couleur directe n’a par la suite pas rencontré le succès escompté. Allié au talentueux Damien Marie depuis le magnifique diptyque Après l’enfer, il revient pour un quatrième album tant le duo fonctionne bien et reprend cette alchimie de dessins aussi sensuels qu’incertains et d’un scénario à la trame simple mais très référencée.
Auparavant attachés aux horreurs de la Guerre de Sécession où ils transposaient le conte du Magicien d’Oz, le duo documente cette fois le grand séisme de San Francisco où ils construisent une intrigue mafieuse dans laquelle notre belle ingénue va croiser la route du grand Caruso aux prises avec le chantage de la pègre locale. Le cœur de ce chantage est un tableau perdu de Gustav Klimt qui va passer de main en main en faisant de la pauvre Everett le témoin d’évènements semi-historiques. Le premier tome suit une intrigue linéaire mais astucieusement découpée pour aborder les différents protagonistes de ce prétexte à décrire (dans le second tome) le contexte chaotique laissé par le tremblement de Terre. Avec différentes mafia ethniques qui se partagent le Crime, un artiste craignant pour sa voix et un général d’armée tiraillé entre son amour pour une femme fatale et son devoir militaire, notre héroïne va être ballotée au gré des évènements. Et c’est le principal « défaut » de cet album qui fait de son personnage principal un fétu de paille dont la seule caractéristique est une énigmatique filiation avec le mythe de Judith, cette magnifique veuve qui usa de ses charmes pour assassiner le puissant général babylonien. Le scénario relie ainsi joliment le tableau biblique de Klimt, l’histoire mythique et cette pauvre fille plongée dans les ruines de San Francisco. De quoi titiller notre curiosité pour la suite et de donner prétexte à Fabrice Meddour à nous donner de superbes planches coquines dans ses tons sépia habituels.
Jouant entre les lieux et les temporalités, Damien Marie propose de jolis textes et rythme son histoire entre une galerie de personnages variés et de l’action directement issue des films de genre. Le personnage principal est une victime souvent peu vêtue même si, avouons le, les auteurs semblent plus intéressés par les règlements de compte gores. La survenue du séisme donne tout de même lieu à de belles planches massives où les limites techniques de Meddour nous laissent loin d’un apocalypse à la mode Otomo. L’ensemble reste pourtant malgré ces quelques faiblesses connues (le style du dessinateur était plus à son aise dans les lianes du Bayou) une lecture très plaisante pour une mise en place.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/03/11/san-francisco-1906/
Les dessins ne sont pas ce que je connais de mieux surtout au niveau des visages mais le scénario est interessant tout comme l'ambiance générale. Je vais acheter la 2ème tome ce soir.
A noter le travail de recherche historique des l'auteurs car même si l'histoire est "imaginaire" elle prends place lors d'évènements réels et très connus.
L’auteur nous prévient dans sa préface que des personnages et des faits sont réels mais que le récit est totalement imaginé. Nous avons le même concept qui a prévalu sur le film catastrophe « Titanic » réalisé par James Cameroun à savoir une histoire brodée sur un fait historique précis.
En guise de catastrophe, nous avons droit au tremblement de terre qui secoue San Francisco à 5h12 au matin du 18 avril 1906. L’épicentre se situait seulement à 12 km de la grande mégalopole de la côté Ouest : bref la fameuse faille de San Andreas. La magnitude a atteint 7,8 soit presque 8 ce qui en fait l’un des séismes les plus marquants. Il y eu près de 3000 morts et surtout d’immenses dégâts.
Si on pouvait croire qu’une fois le tremblement de terre passé, cela serait fini, on se trompait assez lourdement car les conduites de gaz éventrés ont provoqué un immense incendie qui a ravagé la ville pendant trois jours durant.
A noter également les pillages qui ont suivi cet événement majeur dans une ville qui était le fleuron de l’Ouest américain avec ses milliers d’émigrants notamment chinois. Le général Frédérick Funston chargé de protéger la ville ordonna aux militaires de tirer à vue sur les pilleurs faisant alors plus de 500 personnes blessées ou tuées.
Pour en revenir à la BD, cela se concentre sur le passage d’un chanteur d’opéra italien qui a donné un récital le soir précédant le tremblement de terre ce qui est un fait avéré. Il s’agit du célèbre ténor Enrico Caruso qui doit faire passer un tableau de Klimt en toute illégalité pour servir la maîtresse du général. Ce dernier séjourne dans un grand hôtel. Il est également question d’une femme de chambre aux compétences étendues comme un peu dans l’affaire du Sofitel impliquant Dominique Strauss-Kahn, futur candidat à l’élection présidentielle.
Bref, on suivra les aventures un peu rocambolesques de cette soubrette qui tente de protéger le tableau pour ne pas qu’il tombe dans les mains de la mafia italienne locale. Oui, les faits sont assez télescopés. Sur ce, il arrive le grand cataclysme qui est ne sorte de porte de sortie pour notre femme de charme. On n’y croit pas une seule seconde mais bon.
Grâce à un dessin assez agréable tout en aquarelle, on suit tout de même avec un certain plaisir non dissimulé ce titre sous l’angle du divertissement pur. Il est vrai que cela part un peu dans tous les sens entre l’aspect artistique avec un retour sur la période de l’Antiquité lors d’une bataille qui fut réglé par une décapitation au sommet et les règlements de compte entre mafioso utilisant une vedette internationale. Il reste à découvrir le second tome qui clôturera cette œuvre.
Judith est une soubrette qui va se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Poursuivie par la mafia italienne et les Tongs pour un tableau, elle va, en plus, assister au tremblement de terre de San Francisco de 1906.
L'histoire est un mélange original entre évènement de l'antiquité, peinture de l'Art Nouveau, chanteur d'opéra et règlements de comptes entre mafiosos. Il y a peu de temps mort et la restitution du tremblement de terre est la partie la plus intéressante et saisissante de cet album.
Si malheureusement Judith n'est qu'une pauvre demoiselle à demi-vêtue peu explorée psychologiquement, le dessin de Meddour lui offre en revanche des proportions généreuses :)
Les autres personnages sont bien croqués malgré leur multiplicité. Les teintes sont très orientées sur le sépia prodiguant un aspect rétro à l'ensemble.
Un premier album de très bonne facture. Suite et fin au prochain album
Le 17 avril 1906, San Francisco s’apprête sans le savoir à subir le plus grand tremblement de terre de son histoire. Dans ce cadre historique, Damien Marie (Ceux qui me touchent, …) et de Fabrice Meddour ont créé une histoire mêlant l’empire Néobabylonien, l’opéra, Gustav Klimt, la Mano Nera et son homologue chinoise. Tant de sujets qui, sous les mains des auteurs, se combinent avec une grande lisibilité.
Les virtuoses pinceaux de Fabrice Meddour (la Fille du Quai, Après l’Enfer (déjà avec Damien Marie), John Arthur Livingstone - Le Roi des singes, …) n’ont jamais trouvé si bel écrin que celui de cette histoire. Les scènes intimes, voire très intimes, précèdent des larges plans et des véritables tableaux de catastrophe. Le cadrage est mûrement réfléchi et les personnages disposent d’une réelle personnalité graphique. C’est aussi un grand plaisir de voir la Judith de Gustav Klimt mise en scène dans l’introduction. Sans vouloir lever trop le voile sur l’intrigue, l’évocation du maître de la peinture viennoise ne se limite pas à l’introduction.
Les auteurs avertissent le lecteur dès la page de garde : si le cadre est historique, le récit est inventé. Quelques pages intitulées « L’Histoire dans l’histoire », également très agréablement lisibles, permettent de mieux saisir cette articulation et de comprendre un peu mieux les références historiques et l’ampleur de la recherche des auteurs. Ainsi, l’idée de l’utilisation du chanteur d’opéra Enrico Caruso, célèbre ténor effectivement présent sur les lieux au moment du tremblement de terre, est une belle trouvaille et donne de l’ampleur et de la crédibilité au récit.
Bref, je recommande grandement la lecture de cet ouvrage. Cerise sur le gâteau, le second tome de ce diptyque paraîtra rapidement : il est finalisé et est annoncé pour le mois de juin 2024.
A lire si vous aimez : les histoires de mafia et de corruption, Gustav Klimt, l’opéra, San Francisco, ou tout simplement les aquarelles de Fabrice Meddour.
Fabrice Meddour est un artiste trop peu connu. Surgi dans les années 1990 avec une série qui a marqué son époque, Hispanola, sa technique en couleur directe n’a par la suite pas rencontré le succès escompté. Allié au talentueux Damien Marie depuis le magnifique diptyque Après l’enfer, il revient pour un quatrième album tant le duo fonctionne bien et reprend cette alchimie de dessins aussi sensuels qu’incertains et d’un scénario à la trame simple mais très référencée.
Auparavant attachés aux horreurs de la Guerre de Sécession où ils transposaient le conte du Magicien d’Oz, le duo documente cette fois le grand séisme de San Francisco où ils construisent une intrigue mafieuse dans laquelle notre belle ingénue va croiser la route du grand Caruso aux prises avec le chantage de la pègre locale. Le cœur de ce chantage est un tableau perdu de Gustav Klimt qui va passer de main en main en faisant de la pauvre Everett le témoin d’évènements semi-historiques. Le premier tome suit une intrigue linéaire mais astucieusement découpée pour aborder les différents protagonistes de ce prétexte à décrire (dans le second tome) le contexte chaotique laissé par le tremblement de Terre. Avec différentes mafia ethniques qui se partagent le Crime, un artiste craignant pour sa voix et un général d’armée tiraillé entre son amour pour une femme fatale et son devoir militaire, notre héroïne va être ballotée au gré des évènements. Et c’est le principal « défaut » de cet album qui fait de son personnage principal un fétu de paille dont la seule caractéristique est une énigmatique filiation avec le mythe de Judith, cette magnifique veuve qui usa de ses charmes pour assassiner le puissant général babylonien. Le scénario relie ainsi joliment le tableau biblique de Klimt, l’histoire mythique et cette pauvre fille plongée dans les ruines de San Francisco. De quoi titiller notre curiosité pour la suite et de donner prétexte à Fabrice Meddour à nous donner de superbes planches coquines dans ses tons sépia habituels.
Jouant entre les lieux et les temporalités, Damien Marie propose de jolis textes et rythme son histoire entre une galerie de personnages variés et de l’action directement issue des films de genre. Le personnage principal est une victime souvent peu vêtue même si, avouons le, les auteurs semble plus intéressés par les règlements de compte gores. La survenue du séisme donne tout de même lieu à de belles planches massives où les limites techniques de Meddour nous laissent loin d’un apocalypse à la mode Otomo. L’ensemble reste pourtant malgré ces quelques faiblesses connues (le style du dessinateur était plus à son aise dans les lianes du Bayou) une lecture très plaisante pour une mise en place.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/03/11/san-francisco-1906/
Un enchaînement de circonstances, un étau qui se resserre, une soubrette aux jolies formes soulignées par un beau dessin, des mafieux italiens, des mafieux chinois, un tableau de Klimt et une vedette (Caruso). La nuit s'annonce compliquée et tendue... Le petit jour sera pire : San Francisco est ravagée par le un énorme tremblement de terre. On a hâte de partir à la recherche de nos protagonistes dans le tome 2.