L
es Allemands ont envahi la capitale. Suivent rapidement les arrestations de Juifs et leur déportation. Parmi eux, Léa Vollak, l’amie de Juliette de Saint-Éloi, une riche héritière. Cette dernière riposte en mettant sa plume au service de Libération en vue, un journal clandestin. Une fois la guerre terminée, elle part à la recherche de sa copine, d’abord chez les Germains, puis en Sibérie.
Jusqu’au bout du monde, poursuit les aventures de Mademoiselle J, une série racontant le XXe siècle à travers le regard d’une jeune journaliste singulièrement dégourdie. L’héroïne n’est d’ailleurs pas sans rappeler Seccotine, un personnage malheureusement sous-exploité dans l’univers de Spirou.
Présenté, comme une Belle histoire de l’oncle Paul, le ton se veut par moments didactique ; le lecteur y découvre la vie à Paris pendant l’occupation, la cruauté des camps et le retour des survivants avec pour seuls bagages leurs corps décharnés et leurs traumatismes. Le propos, parfois très cru, pourrait s’avérer un peu dur pour les enfants à qui la saga est destinée.
Du régime nazi aux despotes soviétiques, en passant par la chasse aux collaborateurs, les temps sont troubles. Profondément humaniste, Yves Sente distille toutefois des notes d’espoir, par exemple un officier SS n’hésitant pas à s’interposer pour défendre sa vision de la justice ou un poivrot se portant à la défense de la reporter. La narration repose d'ailleurs, et c'est sa faiblesse, sur une multitude de hasards et de coïncidences improbables. Il y aura toujours un sauveur pour tirer l’intrépide du pétrin, un zig disposant de l’information recherchée ou un francophile pour comprendre et guider l’envoyée spéciale.
Le dessin de Verron est beau et généreux. Le jeu des comédiens se montre impeccable, mention à son trait charbonneux, lequel donne beaucoup d’expressivité aux visages. L’artiste a du reste fait ses recherches, comme en témoignent ses reconstitutions soignées et convaincantes. Enfin, chapeau à la colorisation d’Isabelle Rabarot, dont les clairs-obscurs sont particulièrement réussis.
Une série étonnante, qui se détache nettement du ton bon enfant de Spirou, dont elle est indirectement issue. En fait, l’atmosphère rappelle celle de Champignac, une autre extrapolation de l’univers du groom.
Alors je n’ai pas apprécié, ce qui ne veut pas dire que ça n’est pas bon.
C’est juste que vraiment, la seconde guère mondiale, c’est pas mon kif.
Je me suis donc forcé à entrer dedans puisque j’avais peu ou prou apprécié les premiers tomes – disons que j’y avait trouvé assez de qualités pour m’accrocher.
Là encore, il y a la même qualité, dans le texte et les dessins, mais vraiment, l’histoire ne m’intéressait pas et quand j’ai réalisé que je me forçais vraiment à poursuivre… ben j’ai arrêté…
Une histoire d'aventure pleine de bons sentiments, où l'héroïne bénéficie de nombreux heureux hasards pour accomplir sa quête. L'intrigue apparaît donc souvent assez "fake", mais n'en reste pas moins émouvante à plusieurs reprises. Mention spéciale pour le dessin, très classe, parfaitement dans l'esprit d'un SPIROU ET FANTASIO, dont cette série est quelque peu affiliée.
Un récit d’aventure dans la tourmente de la guerre (et de l’après-guerre), très juste et très touchant.
Ce qui est intéressant à lire, ce n’est pas tant la vie sous occupation que l’après occupation, avec la chasse aux collabos, la découverte des camps, le retour des déportés survivants chez eux, la recherche des disparus.
Mademoiselle J. bénéficie de beaucoup de chance et de heureux hasards dans la recherche de son amie mais bon, la quête est tellement belle qu’on peut passer outre ce petit reproche.
Les dessins sont, comme depuis le début de la série, de très grande qualité. Les ambiances sont superbes, la Sibérie est par exemple de grande beauté.
J’aime bien cette série aussi par son côté « humain » et évocatrice de beaucoup de sentiments. Cette fin d’album m’a beaucoup ému, que ce soit côté Mademoiselle J. ou côté Oncle Paul.
Pour toutes ces raison, je pense qu’on peut comparer la réussite de cette série à celle des albums de Spirou par Émile Bravo. Même points forts, mêmes veines scénaristique, mêmes ambiances au dessin.
Bref, j’aimerais que cette série continue longtemps, je suis ravi de voir au dos du bandeau qu’un tome 4 est prévu (« Le bonheur de dire Maman », 1955). J’en serais et j’espère pouvoir le lire sans attendre des années.