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n 1775, l'empire britannique est la plus grande puissance mondiale suite à sa victoire sur la France lors de la Guerre de Sept Ans. Néanmoins, le mécontentement dans les colonies américaines augmente du fait d'une succession de décrets royaux.
De contestation fiscale, la colère mute en rébellion. Les Insurgents s'organisent dans les collines surplombant la baie de Boston, mais ils ne font pas le poids face à l'armée du Roi. Une aide extérieure serait la bienvenue. Les leaders du mouvement pensent à l'éternel rival : le royaume de France. Toutefois, l'idée n'est pas partagée par tous, c'est pourquoi Thomas Jefferson, Benjamin Franklin, Benjamin Harrison et John Jay missionnent en secret un ambassadeur officieux dans le but d'obtenir l'aide du pays des Lumières. Sur place, Louis XVI et le comte de Vergennes, bien que séduits par l'idée de faire un pied de nez à la perfide Albion, ne peuvent pas se le permettre officiellement. Pourquoi ne pas utiliser ce malotru de Beaumarchais en quête de rédemption royale pour s'en occuper ?
Cette mini-série prévue en trois tomes, démarre sur les chapeaux de roue. Les bédéphiles sont plongés dans les arcanes de la diplomatie secrète entre les puissances des guerres en dentelles. Avec angle d'attaque, Jordan Mechner montre les rouages des relations internationales dans un conflit qui fut longtemps perçu comme local. Immense star du jeu vidéo, les fans doivent au scénariste la création de l'un des plus grands jeux tant par son déroulé que par son scénario : Prince of Persia. Depuis peu, il se met à la bande dessinée et force est de constater qu'il s'y emploie autant de talent. Dans Liberté, il évite le piège du récit pseudo-documentaire en s'appuyant sur deux personnages principaux dont les aventures s'entrecroisent. Le procédé fonctionne et contribue à rythmer le déroulement de l'intrigue. De plus, le contexte dans lequel évoluent Deane et Beaumarchais est parfaitement maitrisé, avec l'insertion de protagonistes ayant vraiment existé.
Le côté graphique renforce les points positifs du récit. Deux artistes réalisent les dessins : Étienne Le Roux et Loïc Chevallier. Les paysages et les planches marines sont brillantes de réalisme. L'aspect des personnages historiques présents dans cette série est aussi fortement réussi. Les auteurs ont aussi glissé des petits clins d’œil à des évènements réels et aux arts à travers l'album, ceci dès la couverture. L'ensemble est rehaussé par les choix de colorisation d'Elvire De Cock.
Ce premier tome de Liberté est à la fois captivant et plaisant à lire, que le lecteur soit ou non passionné d'Histoire.
Pour connaître la liberté, il faut toujours payer un lourd tribu. Le peuple américain s'est rebellé contre la monarchie anglaise afin d'avoir son indépendance et de prendre son destin en main. On sait qu'elle va devenir 100 ans plus tard la nation la plus puissante de la planète. Voilà pour les faits historiques, je n'invente rien.
On ne peut qu'avoir de l'admiration pour ces hommes qui se battent pour une juste cause et surtout un idéal de liberté qui sera propice à la prospérité économique d'une nation. Beaucoup d'état dans le monde connaissent malheureusement la tyrannie d'un homme et de sa clique. Ce n'est que par le combat du peuple qu'on peut parfois renverser les choses. La liberté exige cependant des sacrifices qu'on est prêt à donner ou pas.
Ce que l'on sait un peu moins, c'est le rôle de la France dans ce combat. Sans les armes et l'aide française, les rebelles n'auraient jamais remporté la mise contre l'armée et la nation la plus puissante du monde en cette époque situé autour des années 1875 à savoir l'Angleterre.
C'est nous les français qui avons contribué à la naissance des États-Unis d'Amérique. Je n'ai jamais compris alors par la suite le rapprochement avec la Grande-Bretagne qui les a ardemment combattus.
Le présent récit raconte toute la diplomatie en sous-main entre un envoyé de Thomas Jefferson et Benjamin Franklin nommé Deane qui commercera avec un célèbre dramaturge français nommé Beaumarchais pour obtenir des armes.
Le principal lieu d'action est notre pays alors dirigé par le tiède roi Louis XVI que son Ministre des affaires étrangères voudrait parvenir à lui faire comprendre que la menace anglaise représente un danger pour le royaume. La perfide Albion possède d'ailleurs des espions en charge de contrecarrer ces projets.
Bref, une BD historique assez bien dessiné qui retrace un pan oublié de notre histoire et de la relation assez particulière avec les États-Unis avant la déclaration d'indépendance.