À Tartous, en Syrie, un commando s’introduit brutalement dans une base logistique de l’armée russe et dérobe quatre missiles. Plusieurs mois après, les flottes françaises, américaines et chinoises, alors en manœuvre aux environs de l’Islande, dans un climat géopolitique tendu, sont attaquées par des drones (voir La Guerre de l’hiver). Tom Nolane et Mei Ling investiguent et repèrent leur ennemi, le groupe terroriste allemand Anarchy, qui prône la destruction des sociétés occidentales. Ils prennent la direction Svalbard, archipel norvégien situé dans l’océan Arctique, qui présente l’avantage d’être isolé. Sur place, les deux pilotes constatent que les agresseurs ont pu s’emparer d’un exemplaire du dernier modèle des engins automatiques furtifs russes. Y sont arrimés deux missiles, de la série de ceux qui ont été volés en Syrie. Le plan d’Anarchy est simple : attaquer un porte-avion américain en faisant croire que l’attaque vient de Russie ; puis s’en prendre à un bâtiment chinois, sans laisser de signature particulière. Cela devrait suffire, dans la tension internationale du moment, pour déclencher une nouvelle guerre mondiale.
Nuit polaire poursuit et achève le diptyque commencé avec La Guerre de l’hiver. Le récit s’appuie, en extrapolant très peu, sur les relations et enjeux géopolitiques actuels, dans lesquels la Chine a rejoint les deux blocs traditionnels de l’Est et de l’Ouest. Aux postures défensives habituelles, se superpose la folie d’illuminés cherchant à réaliser le chaos total, probablement afin de tout recommencer en mieux. La vraisemblance du scénario finit par effrayer. Par ailleurs, tous les éléments de la bande dessinée d’aventure, et particulièrement de ce sous-genre à succès que constituent les épopées aéronautiques (Tanguy et Laverdure, Buck Danny et autres Biggles), sont bien présents : vol d’aéronef, rôle prépondérant des éléments climatiques, capacité à improviser des héros, foi en des valeurs pacifistes, humanisme foulant au pied les nationalismes, confiance dans la technologie de pointe. L’adrénaline est sollicitée et accompagne cette lecture stimulante. Le sauvetage d’un équipage de méthanier en fâcheuse posture est ici particulièrement réussi.
Frédéric Zumbiehl (scénario) n’en est pas à son coup d’essai ; le dessinateur italien Alberto Lingua est un nouveau venu dans le genre, bien qu’il ait déjà réalisé Les As du Pacifique et beaucoup produit dans son pays natal, dans d’autres styles. Le premier livre une trame impeccable, au rythme maîtrisé et aux rebondissements pertinents. Le second nourrit tout cela d’un graphisme réaliste et dynamique qui sied parfaitement aux acrobaties aériennes et aux pointes de vitesse. Si nul ne cherchera ni ne trouvera avec Nuit polaire une once d’originalité, le lecteur se délectera par contre d’une histoire et d’une mise en images qui cochent toutes les cases. Mission accomplie.
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