"Le chien a quatre pattes, mais il n’est pas capable de prendre quatre chemins." Ce proverbe créole aurait-il inspiré le dessinateur dans le choix de son pseudonyme ? Le mystère restera entier. Quoi qu'il en soit, les fans du duo, qui dynamite la vulgarisation historique, sont heureux que Monsieur le Chien et Julien Hervieux conservent le chemin pratiqué depuis maintenant quatre tomes.
Au sommaire, les amateurs d'anecdotes et d'insolite découvrent l'histoire de Stubby, le chien le plus décoré de la Première Guerre mondiale. Ensuite, c'est au tour de Paul Von Lettow-Vorbeck d'entrer en scène ; après avoir déjoué une attaque surprise des Anglais en novembre 1914, il annexe le Kenya britannique voisin. Ce soldat allemand devient un héros national qu'Adolf tentera de recruter, sans succès. Les amoureux de machines de guerre ne sont pas en reste, car un chapitre évoque le sous-marin Casablanca. Avec son équipage, dirigé par le commandant l'Herminier, il rejoint les alliés à Alger avant de faire tourner en bourrique la marine allemande et de transporter un commando de cent-neuf soldats pour aider à libérer l'île de Beauté en septembre 1943. Roger Vandenberghe, le spartiate de l'Indochine en 1947, va lui-même chercher la prime sur sa tête. Ensuite, les passionnés découvrent les récits de Robert Lee Scott, de l'armée d'Anders, d'Eddie Chapman et de Virginia Hall l'espionne qui boitait.
Le procédé reste inchangé. Les chapitres sont complétés par une planche explicative rédigée avec la prose si finement drôle de l'Odieux connard et illustrée de photographies. Entre eux, les bédéphiles peuvent suivre les petites aventures des auteurs qui tournent souvent au détriment du dessinateur. Le scénariste puise dans l'immense réservoir de l'histoire des conflits et parvient à dénicher d'incroyables pépites. La manière dont il transforme ces évènements pour les rendre accessibles et comiques est impressionnante.
Les dessins de Monsieur le Chien sont toujours aussi bons et efficaces. L'auteur s'amuse à glisser des détails anachroniques et autres clins d’œil dans les planches. Ainsi, dans le chapitre consacré à Paul Von Lettow-Vorbeck, un Marsupilami se cache dans la foret kényane. Celui du sous-marin comporte une parodie de la carte de la Gaule d'Uderzo et Goscinny, ainsi qu'un hommage au jeu Tétris.
Le concept de la version bande dessinée du Petit théâtre des opérations fait toujours mouche, avec son phrasé aussi fin que stylé et teinté d'un humour mordant (pour plaire à Monsieur le Chien) avec une petite pointe d’ironie et de bons mots.
Poster un avis sur cet album