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eux ans après Mater, Stanislas Mousse revient sur les étales avec un nouvel album muet et envoûtant : Pleine Lune. Saga d’heroic fantasy mâtinée d’horreur, le récit suit les affrontements apocalyptiques entre une horde de bandits et un roi défendant son territoire. Quelque part dans la forêt profonde, des puissances fondamentales veillent en attendant d’être conjurées à ces agapes sanguinaires. Au milieu du chaos, outre un lièvre totémique, une femme tente de survivre jusqu’au matin.
L’approche, la philosophie presque, n’a pas changé, pas plus que le style graphique unique abreuvé à l’encre la plus noire. D’un autre côté, même si l’effet de surprise qui avait saisi les bédéphiles au moment des parutions de Longue vie et du Fils du roi s’est logiquement estompé, l’énergie et le talent du dessinateur sont restés identiques. Résultat, cette longue fresque remplie de fureur s’avère ardente et explosive à souhait. Découpage et mise en scène mêlent intimement la miniature avec le baroque et offrent des planches visuellement saisissantes. Également impressionnant de maîtrise, même sans mots ou paroles inutiles, la narration coule de source. Les enjeux sont clairs et les intentions des personnages (y compris les plus ésotériques) parfaitement établies. Par contre, avertissement aux âmes sensibles, la violence et le gore sont au programme et, à l’image du reste de l’histoire, rendus avec force, fluides et fracas.
Peurs primitives faisant ressurgir des traumas oubliés mélangées au pur plaisir enfantin de jouer à massacrer ses petits soldats font de Pleine Lune une œuvre à la fois étrange, insondable et infiniment jouissive. Seul maître à bord, Stanislas Mousse ajoute un chapitre inclassable à une des bibliographies les plus atypiques du Neuvième Art.
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