P
our pallier son absence, Léon se repasse en boucle le premier film de sa mère. Julia ne rêve que de succès, Léon ne pense qu’à sa mère et à l'avoir pour lui ; qu’importe si c’est dans un studio trop étroit, l’important est qu’elle soit là.
Œuvre étrange que Regarde les danser !
Tout d’abord, le scénario ! Un film en est le fil rouge, la filiation et l’abandon en constituent la trame ! Qui, de la réalité ou de la fiction, prime ? Qui est le miroir de l’autre ? Une porte ou bien un couloir permettent les transitions d’une temporalité à une autre, dans une demeure qui croît au gré des absences de Julia et se remplit de présences fantomatiques qui viennent nourrir une mise en abime qui laisse le lecteur, seul, face à ses interrogations !
Si son récit peut dérouter, le trait d’Anne-Marie Mohanna ne peut que séduire. Coloré, nourri de mille et une influences artistiques, mais dans une grammaire visuelle qui rappelle plus le Pop Art que l'école de Marcinelle, la jeune auteure parisienne gère la cinématique de son récit à travers la diversité de ses compositions. Elle insuffle ainsi le mouvement en rompant avec toute linéarité graphique en alternant les planches sans l’once d’une gouttière, avec les pleines pages au fond mosaïque ou d’une rectitude tout architecturale, brisées à leur tour par une foule mystérieuse d’adorateurs opportunistes.
Conte moderne dessiné et métaphorique, Regarde les danser relèvera probablement de l’exercice de style pour les plus cartésiens, mais possède d’indéniables qualités qu’il serait agréable de retrouver bientôt !
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