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assionnée de longue date par le Japon, Rosalie a enfin l’occasion d’y faire un long séjour en immersion. Déprimée, voire dégoûtée par l’attitude de ses compatriotes et par l’ambiance en France, le moment tombe d’ailleurs bien pour changer d’air. C’est le sac au dos et en mode «logements contre services» qu’elle débarque dans cet archipel si longtemps rêvé et fantasmé. Découverte d’un univers jusque là uniquement connue via les mangas et la pop culture, rencontres avec ses habitants et émulations avec des globe-trotters d’un peu partout, ce n’est que du bonheur ! Rapidement, les autres réalités de cette société très fermée, patriarcale et ultra-codifiée se font également voir. Se serait-elle trompée sur la vraie nature de l’Empire du Soleil levant ? Ce qu’elle pensait fuir, ne serait-il pas, en fait, un trait humain universel ? Le revers de la médaille efface-t-il le côté positif de cette culture millénaire ?
Première œuvre autobiographique, Shiki - 4 saisons au Japon tient autant de la confession intime que du travelogue. D’un côté, Rosalie vit le Japon (presque) de l’intérieur. Comme elle est curieuse et débrouillarde, elle arrive à un peu s’intégrer : voyages en auto-stop, un petit boulot de serveuse, elle multiplie les rencontres, etc. Son point de vue est donc plus complet que celui d’un simple touriste. De l’autre, elle met en avant sa sensibilité, ses doutes et ses colères. L’ensemble forme une espèce de journal mêlant le trivial et le grave. Ce mélange s’avère singulier et se montre parfois percutant ou révélateur. Cependant, l’album peine à totalement convaincre. Construction et progression narrative peu compréhensibles, multiplication de retours en arrière et d’allusions à des évènements jamais racontés émoussent l’intérêt d’un témoignage autrement sincère et plaisant. Autre bémol, les observations, personnelles ou générales, restent souvent passablement superficielles. Résultat, sans réelle contextualisation, ces expériences, même les plus enthousiasmantes ou traumatisantes, demeurent au niveau de l’anecdote. Dommage.
Graphiquement, influencée par le gekiga, la dessinatrice montre un Japon d’une manière posée et pure. Les cadrages sont particulièrement soignés et décrivent les actions harmonieusement. Les scènes de la vie de tous les jours, dessinées au trait sans fioriture, alternent avec des compositions plus fouillées. Surprenantes et inattendues, trois légendes illustrées en couleur rythme les saisons formant l’ouvrage. Un peu gratuites, ces parenthèses esthétiques offrent néanmoins des respirations «culturelles» intéressantes.
Ambitieux, généreux et faisant flèches de tout bois, Shiki - 4 saisons au Japon est un peu la victime de l’enthousiasme de son autrice. À trop vouloir raconter, elle ne fait finalement que survoler ses thématiques. Il reste une très belle peinture d’un pays et d’une jeune femme d’aujourd’hui aux prises avec les contradictions de notre époque.
Une jeune génération qui peine a percer. Long travail graphique >300 pages n'apportant pas grand chose ni de planches majestueuses. On deambule avec la jeune rosalie aux gres de ses émotions. Un peu comme des storys instagram quotidienne. Un peu décevant pour ces 300pages de coups de crayons.