M
ilo et les siens viennent d’emménager dans une nouvelle maison. Cette belle bâtisse ancienne pleine de recoins possède également une vaste cave sombre et quelque peu apeurante pour le jeune garçon. Véritables plaies des familles nombreuses, les chaussettes égarées ont le don d’énerver sa maman, déjà qu’elle doit s’occuper de ses deux nouveaux bébés, Lucy et Léo. C’est donc au grand frère que revient la tâche de retrouver la socquette de sa sœur, la rose, celle que tia Maria a tricotée avec sa laine spéciale. Sans doute qu’elle a dû tomber de la corbeille à linge à côté de la machine à laver située... au sous-sol ! Prenant son courage à deux mains, Milo descend les marches branlantes et repère immédiatement un rat étrange avec le précieux bas dans la gueule. S’engage alors une poursuite impitoyable à travers un monde souterrain insoupçonné, rempli de mystères, d’amis et d’épreuves impossibles.
En une quinzaine d’années et pratiquement autant d’albums, Ben Hatke s’est taillé une place remarquée au sein du monde de la bande dessinée jeunesse. Zita, Jack ou les deux réunis, il a su imaginer des héros attachants et des péripéties prenantes à la tonalité actuelle. Dans Milo & les créatures du grand escalier, il propose une intrigue endiablée, linéaire et très classique. Faire face à ses peurs, apprendre à aller au-delà de ses a priori et faire confiance à ceux qui sont différents de nous, sans oublier la persévérance et le respect : résumée telle quelle, l’histoire n’a rien de vraiment attirant. La force de l’auteur tient dans la manière avec laquelle il «emballe» ces passages obligés du genre au cœur d’un récit cent pour cent action organisé presque comme un jeu vidéo (boss de fin de niveau… non, chapitre y compris). Un peu d’effroi et de suspens, ce qu’il faut d’humour, la recette est au point et file sur les chapeaux de roue pendant près de deux cent cinquante pages.
La réalisation graphique s’avère à la hauteur ; particulièrement la mise en scène très inventive et des couleurs tout bonnement enthousiasmantes. Ambiances inquiétantes, jeux d’ombres et de lumière et des protagonistes toujours en mouvement, l’ensemble forme un tout cohérent, malgré ses audaces et ses prémices fantastiques.
Le rythme avant tout, un peu de morale et énormément de plaisir, Milo & les créatures du grand escalier ne révolutionne pas le neuvième Art, mais offre un excellent et énergétique moment de lecture. Dès 7 ans.
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