L
e retour au village de Blaise Van Hoppen, dit le Roitelet, dérange. Aux yeux de tous il est l’assassin d’Aline, la cabaretière. Et ce ne sont pas ses douze années passées à purger sa peine qui lui permettent de se racheter. Il est devenu un paria. Tout le monde se méfie de lui, à l’exception de Camille, la fille du Maire. Ses yeux attendris de jeune fille voit en lui un être doux ayant la même passion qu’elle pour les oiseaux. Arrivera-t-elle à convaincre les habitants que l’homme qu’ils ont en face d’eux n’est peut-être pas celui qu’ils imaginent ?
Ce que l’on apprécie chez Jean-Claude Servais c’est avant tout son dessin. Il possède un trait très classique, et le temps ne semble pas avoir d'influence majeure sur son écriture. Il a toujours réussi à y mettre beaucoup de finesse et de tendresse. Il est particulièrement doué dans la manière de nous faire ressentir les émotions de ses personnages. Pour les amateurs de l’auteur, aucune crainte à avoir, il est fidèle à lui-même.
Jusqu’à présent, le fond commun à tous ses récits est l’âme humaine et les relations existantes entre les hommes. Cependant, depuis Déesse Blanche, déesse noire, la base de ses histoires évolue doucement, il y a introduit une nouvelle notion qui lui tient particulièrement à cœur : l’environnement. Signe des temps ou conviction personnelle, il pense que l’osmose entre l’homme et la nature est ce qu’il y a de plus important. C’est ce qu’il a voulu transmettre avec ce conte dramatique.
Malheureusement, ce deuxième tome de L’Assassin qui parle aux oiseaux s’enlise, hésitant entre l’histoire d’un secret trop longtemps caché minant la population d’un petit village et le précis d’ornithologie. Les nombreuses références aux oiseaux raviront les puristes, mais sont vite lassantes pour les autres. Les amateurs seront d’ailleurs comblés avec les pages supplémentaires, véritable exposé sur les oiseaux de nos contrées. A côté de cela, la résolution de l’énigme est bien amenée sur fond d’histoires d’amour assez émouvantes. La fin est très prévisible mais produit quand même son effet.
L’assassin qui parle aux oiseaux fait partie de ces récits à réserver aux passionnés de Servais. Dommage qu’il n’ait pas choisi un récit se déroulant sur un seul album, il aurait gagné en densité et en émotion.
Sentiment un peu mitigé par ce diptyque. Certes, les dessins sont jolis, les visages sont expressifs, la campagne est magnifiquement représentée (comme souvent chez Servais), et de belles séquences émouvantes et poétiques accompagnent ces 2 tomes. Par contre, le scénario est moins à la hauteur et la relation avec la petite fille me semble tirée par les cheveux et surtout peu crédible, j’ai un peu du mal à y croire. La fin est plutôt médiocre et pas très convaincante surtout qu’on ne sait pas trop ce qu’il va advenir de la situation du personnage principal (Blaise). Ca reste tout de même agréable à lire. 2,5/5