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epuis Paul à la maison, tous les lecteurs savaient que le sympathique héros file un mauvais coton. Les années qui passent, des problèmes de santé, plusieurs deuils et une fatigue généralisée, la dépression n’est pas loin. C’est bien connu, quand ça va mal dans votre vie, c’est toujours bon de se mettre au vert afin de se changer les idées et recharger ses batteries. C’est pourquoi Paul accepte avec plaisir la proposition de sa fille de louer une chalet sur l’Île Verte, au milieu du Saint-Laurent.
Vraie-fausse aventure de Paul, Rose à l’île est la soupape artistique qua choisie Michel Rabagliati pour retrouver la flamme. Certes, il s’agit d’un nouveau Paul (l’éditeur pousse un soupir de soulagement), mais d’un autre genre : sans cases, pratiquement aucun phylactère et avec plus de texte qu’à l’habitude. En deux mots : il s’agit d’un roman illustré. Heureusement, si la forme est un peu différente, le fond demeure identique : tendresse, humour et air du temps sont bien au rendez-vous !
Autre différence avec les opus précédents, les très nombreuses illustrations ne sont pas encrées et juste laissées à l’état de crayonné. Ces dernières s’avèrent néanmoins très abouties en terme de cadrage et de composition. Admirable et bien pensé, leur rendu brut, dans leur «jus», apporte un véritable cachet à ce récit tout simple et réconfortant. Paul et Rose se retrouvent pour la première fois depuis longtemps, se reconnectent et tentent de retrouver une complicité évaporée. L’auteur en profite également pour évoquer les générations en reliant les manies de son père avec les siennes et celles de sa fille. Riche de nombreuses mises en abîme doublées de métaphores limpides, la lecture coule comme les eaux du fleuve.
Dans Rose à l’île, Michel Rabagliati réussit ce qu’il y a de plus difficile : toucher à la gravité tout en restant léger et subtil. Cette semaine de retraite se déroulant chronologiquement juste avant Paul à la maison aurait pu être rébarbative, caricaturale, voire redondante. À la place, elle est cristalline, drôle et pleine d’esprit, tout en s’intégrant parfaitement aux autres tomes de la série. Sa forme est inhabituelle ? Qui s’en soucie finalement ?
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