Q
uatre situations, quatre personnages (un peu plus en vérité), quatre moments pris au hasard. Nos trajectoires humaines n’a pas volonté de résumer ou d’expliquer le monde ou la société. Non, Nadar est plus intelligent que ça et il sait bien que ça serait illusoire. À la place, il raconte des anecdotes mettant en l’avant le genre humain, ses forces et ses faiblesses face à la complexité de l’existence et des temps modernes.
Jusqu’à maintenant, Nadar (Papier froissé, Le Monde à tes pieds) avait démontré un talent d’observation et de synthèse des sentiments et des psychologies remarquable. Dans Nos trajectoires humaines, il a, en quelque sorte, «concentré» ces qualités narratives au sein d’histoires courtes rappelant le grand Raymond Carver. La nouvelle, encore plus en bande dessinée, est un genre délicat qui exige précision et concision. Il faut, en quelques pages seulement, présenter et faire vivre une distribution, développer une situation ou une intrigue avant de finir en beauté, voire de tout remettre en question.
Bien que tous ancrés dans l’époque actuelle, les récits qui forment le recueil sont de natures différentes. Une mère et son fils ado vont en visite chez des parents, une ancienne gloire se voit forcée de reprendre un rôle du passé pour une fan déclinante, une jeune femme se remémore un professeur extraordinaire qui savait charmer ses étudiants et un peintre oublié renaît un instant grâce à la passion d’un biographe amateur. Le point commun de ces fables ? La vie, le présent, le futur, les années qui passent et l’oubli qui guette et apeure tout un chacun. Voué à être solitaire ou avons-nous besoin des autres pour exister ? Qui est le plus important, l’aidant ou l’aidé ? Les sujets de réflexion ne manquent vraiment pas dans cet ouvrage faussement minimaliste.
À la fois léger et grave, misant énormément sur la complicité du lecteur par l’entremise d’allusions à peine esquissées et doté de scénarios remarquablement écrits, Nos trajectoires humaines est un trésor de sensibilité et de justesse.
Poster un avis sur cet album