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V enise est devenue un ghetto. Mais pour qui connaît la lagune, il est toujours possible de s’adonner à tous les commerces…

La Sérénissime est souvent fantasmée par ceux et celles qui n’y mettront les pieds que le temps d’une escale. Toutefois, dans le concert des louanges convenues, quelques anges déchus ne sont pas à l’unisson, tels Paolo Bacilieri avec Jours tranquilles à Venise ou Darko Macan et Danijel Zezelj avec La mort dans les yeux ! Christophe Dabitch et Pero Macola sont aussi de ceux-là !

Il est aisé de se perdre dans les brouillards de ces marécages aux mille variations. Paolo pensait en connaître chaque ghebbo, chaque bricola secrètement marquée… La disparition de son père l’amène à aller toujours plus loin dans les bareme et à abandonner les promenades de l’enfance pour mieux s’enfoncer dans les méandres de l’âge adulte.

Loin des clichés réducteurs, Le passeur de lagunes s’attarde sur l’âpreté de la vie dans une ville sans avenir, sur la misère qui accable ceux qui n’ont rien ou alors si peu. Mais c’est également l’histoire d’un parcours initiatique qui permettra, à l’enfant que Paolo n’est déjà plus, de choisir l’homme qu’il sera. Le tout est raconté simplement, sans concession ni atermoiements, mais avec une lucidité qui ne laisse que peu d’espoir quant au dénouement à venir. Pour illustrer cet album, Piero Macola s’attache, lui aussi, plus aux ambiances et à la lumière qu’à la matérialité d’une Venise en décomposition sociale. Ces planches font joliment écho à la simplicité et à la dureté du scénario de Christophe Dabitch.

Le passeur de lagunes est une métaphore dystopique, sans illusions, des rêves perdus de l’adolescence. À lire...

Par S. Salin
Moyenne des chroniqueurs
7.5

Informations sur l'album

Le passeur de lagunes

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 08/05/2024 à 07:49:09

    J'ai eu un peu de mal au début avec ce récit car le cadre de la Venise que l'on connaît n'est pas tout à fait le même. Certes, on va naviguer dans une lagune qui retient les habitants totalement prisonniers comme pour les protéger d'une immigration massive.

    Il est question d'un adolescent à la recherche de son père mais également de passeurs d'immigrés dans cette cité lacustre. Cela ne semble pas trop correspondre avec la réalité si bien que l'on se demande si on n'est pas situé dans un futur pas si lointain où les villes seraient obligées de fermer leurs frontières face à une immigration devenue trop massive.

    Pourtant, il n'y a aucun indice de la sorte ne serait-ce que dans la narration nous permettant une datation. Bref, c'est assez déroutant car on est loin de la vision que l'on se fait de la belle Venise.

    Au fur et à mesure, j'ai apprécié cette lecture même si c'est parfois un peu trop long et plutôt sombre. L'auteur a pris son temps pour nous décrire une certaine situation où la mafia locale semble régner en maître sur le destin des différents personnages. On appréciera également les images à l'aquarelle ainsi que le décor presque semi-poétique de la lagune.

    Au final, une œuvre qu'il convient de découvrir si on souhaite sortir des chemins battus. C'est une tout autre facette de Venise que voilà !