L
es temps se troublent au pays d’Arvège. Mo Lonsouffre, prince déchu, constitue une armée, afin de prendre le trône du royaume d'Andranor. La disparition du roi Nacar aiguise les appétits de pouvoir. Or, d'étranges croyances circulent au sujet du jeune prince. En effet, il serait porteur d'une malédiction, né avec un seul œil rouge, fruit d’une liaison adultère entre Sodamée, la première épouse du monarque, et un démon des profondeurs. Quelles vérités se cachent derrière ces racontars ? Ne serait-ce pas plutôt un paravent pour dissimuler quelque chose de plus grave ?
Le scénario d'Alexis Robin répond au cahier des charges de la fantasy. Le prince Mo demeure énigmatique, d'autant plus qu'il est absent de cet album. Peut-être un moyen d'entretenir le mystère... Le personnage de la princesse Irinelle reprend les codes du héros d'aventure : tête brûlée, intrépide et courageuse. C'est autour d'elle que l'intrigue tourne et que certaines révélations vont advenir. Le reste des protagonistes fonctionne tout en étant archétypal : le chevalier mentor bourru, la reine machiavélique (limite Lancaster en version pour ado), le mystérieux non-humain, des monstres... Le seul bémol réside dans le fait que l’album démarre lentement, avant de trouver un rythme au cours dernier tiers.
Le trait de Lucio Alberto Leoni est connu des bédéphiles, en particulier des habitués de sériesSoleil. En effet, le dessinateur et la coloriste Emanuela Negrin ont œuvré ensemble sur Templier, Oracle et Les maîtres inquisiteurs. Le style est plaisant, que cela soit pour l'aspect des personnages ou pour les choix de colorisation. La composition des planches, elle, reste classique.
Ce premier tome plante le décor d'une histoire d'heroic fantasy convenue, avec un soupçon de Game of thrones afin de surfer sur un air du temps déjà un peu daté. Ce qui peut refroidir certains lecteurs, d'autant plus que le récit est un peu lent à démarrer.
La fantasy est de retour avec ce titre qui nous montre une énième quête de pouvoir sur fond de succession d’un trône convoité. Cela rappelle incontestablement la série phare
« Game of thrones » et surtout le préquel « House of Dragon » tant les objectifs semblent être les mêmes.
Les forces en présence sont une reine régente et sa fille qui attendent le retour d’un roi disparu il y a 15 ans contre un bâtard difforme qui a réussi à fédérer des armées sous sa bannière.
Le titre de l’album porte sur ce mystérieux prince qu’on ne verra pas du tout sur cet album bien que son ombre plane. On va s’intéresser surtout à la princesse rivale dont l’entrée en matière m’a laissé un peu pantois.
Elle n’hésite pas à tuer un animal innocent lors d’une partie de chasse puis on la découvre assez câlin avec un animal de compagnie pour le moins terrifiant. Je n’ai pas aimé cette contradiction pour le moins superficielle pour démontrer qu’elle est courageuse et qu’elle n’a peur de rien.
J’ai tout de même apprécié ce récit à sa juste valeur même si on peut avoir une impression de déjà-vu. Il faut reconnaître que c’est assez prenant et plutôt bien construit. La fantasy est toujours un exercice assez difficile à mettre en œuvre pour un auteur. On évite le style Lanfeust bien qu’il y ait certains relents.
Pour éviter une guerre sanglante, il est question pour notre héroïne, chasseuse et guerrière, capricieuse et tête de mule, de tuer froidement celui qui veut devenir roi et usurper le trône. Si c’était aussi simple, il y a bien longtemps que le dictateur Poutine par exemple serait décédé. Mais bon, on peut passer sur cette ineptie qui est pourtant l‘idée directrice de la fin de ce tome.
On reste dans le domaine du divertissement pour un récit qui se suit agréablement grâce à un graphisme assez réussi dans ses personnages et dans ses décors. A noter que c’est le premier tome d’une trilogie en préparation. Bref, un bel ouvrage, beau, frais, intelligent et agréable.