L
a police est née au début du XIXe siècle, dans les contrées industrialisées et urbanisées, principalement en France et en Angleterre. Suivent les États-Unis, puis les pays en voie de développement. Chaque fois, l’objectif originel est de protéger le bien des industriels et des riches. Global police, la question policière dans le monde et l’histoire démontre que la séquence demeure sensiblement la même : milice plus ou moins amateure, forces de l’ordre perméables aux influences politiques, économiques et criminelles, puis indépendance, durement acquise, mais toujours fragile.
Le sociologue Fabien Jobard signe le scénario de cette enquête découpée en quatre chapitres. Chacun s’amorce par un rappel des faits, appuyé par quelques anecdotes. Cet amalgame de contenus didactiques et historiques, suivi d’exemples concrets est très agréable. En creux de ce tour du monde se lit une question : quelle part de liberté l’homme et sa fiancée sont-ils prêts à sacrifier pour assurer leur sécurité ? Le dernier volet, consacré à la police du futur, explore d’ailleurs cet enjeu qui se révèle criant alors que les technologies se raffinent. Dans l’Empire du Milieu, quatre cents millions de caméras sont déployées. Cela dit, les démocraties semblent elles aussi apprécier ces outils dignes de 1984.
Coscénariste et illustrateur, Florent Calvez met son dessin réaliste au service du reportage. Son trait charbonneux est soigné, les décors riches et les acteurs crédibles. Habitué des récits d’aventures, il se montre très à l’aise pour traduire l’action policière. Ses visages aux regards expressifs sont particulièrement réussis.
Une intéressante plongée au cœur d’un phénomène social, voire culturel.
Cette BD traite de la police mais pas comme dans « la force de l'ordre » lu précédemment sur le même sujet. Il ne s'agit pas de taper contre cette institution mais d'expliquer comment elle fonctionne à travers son histoire sur toute la planète. Et puis, il y a cette question finale qui laisse perplexe : quelle police voulons-nous ?
Certains répondrons une police qui ne tapent pas sur des manifestants pacifiques quand d'autres militerons pour sa disparition pure et simple de la surface des pays. D'autres voudrons la voir partout et notamment au cœur des quartiers sensibles où il se passent des choses plutôt que de sanctionner l'automobiliste qui va à son travail.
J'ai beaucoup aimé cette BD mais je dois avouer qu'elle n'a pas été simple à lire. Il m'a fallu près d'une semaine pour en voir le bout et surtout digérer toutes les informations intéressantes apprises ici et là.
On apprendra qu'elle est surtout né grâce à un anglais Robert Peel, fils d'un industriel et député à la chambre des communes. Il a remplacé les patrouilles de miliciens habitants par une vraie force professionnelle reconnaissable grâce à son uniforme. Une idée tout à fait nouvelle pour l'époque : payer des citoyens pour assurer l'ordre. Au début, les riches ont plutôt contesté l'idée à cause de son coût mais les affaires ne peuvent prospérer sans ordre pour la société.
On rêve tous de l'idée d'une police respectueuse de ses concitoyens et qui serait également respectée par eux et qui évitent autant que possible l'usage de la force. Mission première : prévenir le crime et les désordres.
Il est vrai que les caméras augmentées de l'intelligence artificielle permettent désormais de repérer tout acte délictueux avant qu'il ne se produise mais cela suppose la fermeture de la CNIL et les principes d'incursion dans la vie privée. Il faut savoir ce que l'on veut.
La police peut être un pouvoir de répression pour le pouvoir en place dans certains pays comme la Chine par exemple. Bref, c'est une BD qui pousse véritablement à la réflexion sur l'avenir de ce corps de métier assez conspué de nos jours.
L'histoire de la police a travers le monde. Cette invention récente fille de la ville et de son anonymat, remplaçante des milices dépendante des bourgeois et chargée de défendre leurs intérêts au début de son histoire. Puis assujettie plus ou moins rapidement au pouvoir en place qui lui assure ces subsides, devenue bras armée du pouvoir plus on se rapproche d'un fonctionnement non démocratique, mais dont le pouvoir a très peur du fait de sa capacité à faire tomber les princes. Un exemple le printemps arabe démarre a cause d'un dérapage de la police, qui ensuite a refusé de défendre le pouvoir.
A lire absolument pour comprendre les enjeux actuels et réfléchir a qu'el monde nous aspirons et aux pièges et évolutions maintes fois décrites dans nos dystopies qui nous sont si parties prenantes de l'univers du 9° Art.