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uto-publication, chroniques sociales désabusées, genre passant du réalisme noir à la science-fiction (dystopique évidemment), l’œuvre de Josh Pettinger prend la suite des Daniel Clowes, Chris Ware et autres Chester Brown du répertoire. Goiter (perdant solitaire en argot américain) rassemble des histoires parues en fascicule épisodiques durant les dix dernières années. À noter, Pettinger a récemment collaboré avec un autre enfant terrible de la BD underground actuel, Simon Hanselmann, sur Werewolf Jones & Sons Deluxe Summer Fun Annual (Fantagraphics).
Tragi-comédies dérisoires nourries par une aliénation globale, l’absurde et l’incompréhensible s’acharnent sur les héros (façon de parler) du recueil. Un ventriloque de cabaret se retrouve en prison pour un crime qu’il n’a pas commis («Ça va être dur à défendre», selon son avocat), un jeune loueur de chaises longues déclassé décide de commencer à fumer afin de participer à une étude sur le tabac et, dans un futur proche où A… (la célèbre compagnie au nom de fleuve sud-américain) est devenue toute puissante, un employé entame une longue descente en enfer professionnel dans un récit qui rappellera certainement des souvenirs aux lecteurs de S.O.S. bonheur, telles sont quelques exemples des mésaventures d’une distribution de personnages perdus dans un monde devenu inintelligible. Pour les amateurs de romantisme, il y a aussi une histoire d’amour entre une jeune femme et la tête d’un soldat pris dans une guerre inter-dimensionnelle… Impossible de la résumer en une seule phrase. Il faut vraiment la lire en entier pour l’apprécier.
Oui, mais si on danse ?
Pas d’inquiétude, l’orchestre est excellent et, contre toute attente, l’ensemble fonctionne à la perfection. Certes, la diversité des scénarios surprend, avant de former un tout somme toute cohérent. De plus, le ton pince-sans-rire et la réalisation graphique froide, mais tenue et à l’unisson de l’ambiance désincarnée de la narration rendent la lecture addictive et toujours surprenante. Un doute subsiste cependant : faut-il rire ou pleurer devant ces mésaventures ? Ou pire, ne sont-elles pas des reflets de nos propres vies ?
Respectant une certaine tradition des comics introspectifs, Goiter met à l’heure d’aujourd’hui des doutes et des peurs finalement universels. Une entrée en matière réussie pour un artiste à suivre désormais.
Un peu déçu par cette BD...
Goiter est une anthologie d'histoires auto-publiées par Josh Pettinger. Un Comics indépendant en somme.
Cependant, je n'ai pas adhéré aux graphismes, froids et figés, ni au découpage, parfois redondant, ou à la composition générale du bouquin.
Les narratifs m'ont tout autant ennuyé... Et on commence à bien connaître les contradictions de la société américaine.
Heureusement, si on s'accroche un peu, les scénarios mêlant les genres, nous réservent tout de même des surprises.
Malgré un aspect un peu ratatiné, il y a donc de bonnes idées dans cette BD.
J'admire la maison d'édition Ici même, qui a eu tout de même du mérite à éditer ce livre, peu commercial...
...Audacieux.