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vril 1878, El Paso est devenu l’antichambre de l’Enfer depuis que la variole y fait ses ravages… et que l’Armée a établi un cordon sanitaire pour empêcher quiconque d’en sortir... mais pas d’y entrer !
Hell Paso est le dixième opus des pérégrinations du marshal Bass dans un Far-West de boue et de sueurs où le plomb a toujours raison !
Si Darko Macan cultive toujours le côté obscur d’une Humanité à la conquête des grands espaces américains, il cherche désormais à en explorer les différentes nuances. Cependant et afin qu’il n’y ait pas de quiproquo, les fils de putes et enfants de salauds y sont encore légion, mais il est aussi question d’autre chose ! Structuré en deux histoires parallèles qui se mêlent progressivement pour, dans un final allant crescendo, devenir les deux facettes d’une même réalité, ce nouvel album apporte un petit quelque chose de nouveau. Conjuguant manichéisme de celui qui part et compromissions de celle qui doit rester, le scénariste croate laisse progressivement les seconds rôles prendre la lumière et révéler l'existence miséreuse d’un quotidien poussiéreux.
Sur un récit connaissant quelques inflexions humanistes, le dessin d’Igor Kordey sait s’adapter et donner aux scènes de la vie ordinaire autant de force qu’à ses chevauchées échevelées. Ce faisant, il montre une nouvelle fois la pluralité de son talent en menant de front deux partitions graphiques très différentes mais qui font preuve d’une belle intensité sans tomber dans le feel good.
Légèrement moins radical qu’à l’accoutumée, Hell Paso s’essaye, pendant que les loups s’entretuent, à évoquer le sort des brebis… et il semblerait qu’il y ait beaucoup à dire !
Une suite du tome 9, sans en être trop une... on retrouve néamoins les pseudos "Texas Rangers" lors de leur dernier baroud d'honneur.
C'est une excellente série, ça c'est certain, même si cet album n'est pas le meilleur et se lit rapidement.
On aurait pu s’attendre à un scenario plus complexe, puisque développé en diptyque.
Mais « Hell Paso » donne plutôt l’impression de dérouler sa propre histoire et pourrait presque se lire indépendamment de « Texas Rangers », le précédent volet.
A priori, rien d’inoubliable, donc...
Si ce n’est que les fondamentaux de « Marshal Bass » sont là et bien là. Et cela est suffisant en soi pour en faire une lecture obligatoire.
Car où trouver ailleurs cette noirceur désespérante, contrebalancée en permanence – presque contrariée – par une humanité écorchée, s’acharnant à survivre envers et contre tout pour s’emparer de certains personnages, au premier rang desquels River Bass, en en faisant des porteurs de cette minuscule et vacillante petite flamme qui empêche le monde de sombrer dans l’obscurité totale ?
Je suis un peu lyrique, ok, mais c’est un des effets que me procurent « Marshal Bass ». Il y a quelque chose de tragique dans cette série, au sens le plus noble du terme, qui me touche davantage à chaque épisode. Ici, j’ai particulièrement apprécié le crescendo de la narration qui mène quasiment à la folie ; avec une mention spéciale pour le rôle du « Fantôme », excellent personnage que l’on est amené à revoir. Du moins je l’espère.
A condition qu’Igor Kordey ne se relâche pas trop. S’il reste capable du meilleur, ce 10ème tome comporte quelques cases au dessin trop approximatif.