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ao n’a conservé que quelques doux souvenirs de sa petite enfance au Japon, avant que ses parents ne s’installent avec elle aux États-Unis. Alors, sa décision d’y passer une année entière après avoir terminé le lycée s’annonce comme un retour aux sources. Sur place, elle loge à Himawari house, une colocation qu’elle partage avec Hyejung, une Sud-coréenne Tina, une Singapourienne, ainsi que Shinishi et Masaki, deux étudiants nippons. Au fil des jours, des liens d’amitié se tissent entre les jeunes gens. Les trois femmes, surtout, se rejoignent dans leur choix d’avoir osé quitter leur pays pour tenter de construire leur futur ailleurs, avec tout ce que cela implique d’incertitudes, de dépaysement, d’isolement et… belles rencontres.
Après avoir illustré Nous étions l’ennemi (paru chez Futuropolis), Harmony Becker vient de signer son premier album comme autrice complète. Elle livre un récit choral porté par un trio d’héroïnes aux parcours divers mais à la volonté bien chevillée au corps. À la fois quête identitaire et découverte de l’autre, cette histoire possède un cachet authentique appréciable. En sus d’être attachants, les portraits dressés au fil des trois-cent-soixante-dix pages ne manquent pas de mettre en avant les problématiques liées tant aux motivations de l’expatriation (temporaire ou de longue durée) de chacune qu’aux divergences culturelles des protagonistes. Les nombreuses difficultés rencontrées au quotidien sont ainsi abordées, la première étant la barrière de la langue. Celle-ci prend d’ailleurs forme visuellement puisque les dialogues sont... en langue originale. Ainsi, dans les échanges en japonais, idéogrammes et traduction française cohabitent ; il en va de même pour l’anglais rudimentaire de Masaki transcrit phonétiquement et traduit. Bien que cela entrave un peu l’aisance de lecture, ce choix s’avère pertinent, car il renforce l’immersion et transcrit au mieux le vécu des personnages. Double culture, envie de s’affranchir de la famille, besoin de s’affirmer, coups de blues, ou encore, expansivité et libre parole des unes butant contre la retenue d’un autre : tous ces aspects sont traités avec justesse et à propos.
Graphiquement, la partition se montre également réussie. En noir et blanc, le dessin de l’artiste reprend les caractéristiques du manga. Le trait, bien marqué, est semi-réaliste et rend avec douceur les joies et les peines de la bande d’amis. Lors d’explosions émotionnelles bien senties, il vire à la caricature, en jouant la carte du super-deformed, et tire un sourire au passage. Enfin, si le focus est davantage porté sur les visages et les réactions des acteurs, les décors sont soignés et contribuent pleinement aux ambiances, notamment quand Hyejung est aux fourneaux ou que Nao visite sa parentèle nippone.
Roman graphique à la saveur douce-amère, Himawari house touche par la finesse de son traitement et la positivité de son propos. Un titre à découvrir et à déguster en toute sérénité.
J'avoue avoir eu beaucoup de mal à ma lecture au début car j'ai pris l'une des trois femmes pour un homme. C'est vrai qu'on dirait vraiment un homme mais non. A noter que par la suite, on va découvrir un camarade de classe masculin dessinée au féminin avec de longs cheveux. Toute cette confusion m'a laissé un peu perplexe...
Nous suivons donc trois jeunes femmes dans le Japon d'aujourd'hui. Ses femmes sont d'origines asiatiques (Singapour, Corée du Sud...) mais elles ont vécu dans d'autres pays que le Japon. Elles découvrent le Japon afin d'assurer leur avenir en toute liberté.
Une des protagonistes a connu le Japon à sa plus tendre enfance avant de le quitter pour les USA où elle a adopté leur style de vie en guise d'intégration de force. Aussi, le retour au Japon sera assez compliqué car elle ne maîtrise pas la langue par exemple. Bref, elle se sent une étrangère malgré ce retour aux sources.
Mon honnêteté habituelle me pousse à vous dire que je me suis royalement ennuyé à cette lecture un peu chorale. Il est parfois intéressant de voir le parcours de chacun des protagonistes pour voir les différences et les similitudes par rapport au monde de vie japonais.
Par ailleurs, le graphisme épuré assez réaliste est assez avenant malgré une utilisation massive de déformation de visages ce qui en devient assez irritant. A noter également une pagination assez impressionnante avec 378 pages à avaler.
Il est vrai que le récit m'a semblé d'une grande légèreté et d'une banalité sans nom avec une succession de petites scènes sans grand intérêt. Bref, je ne me suis pas accroché à ces personnages qui vivent en communauté. Il me manquait du rythme et une intrigue. C'est plutôt un genre d'introspection dans une sorte d'immersion culturelle qui pourra plaire à un certain lectorat.