D
ans un Japon féodal quelque peu fictif, se trouve le château d'Okayama où règnent la paix et l'opulence. Il est dirigé par Ukita Hidete, un individu plutôt lâche, et heureux papa de douze filles aux caractères bien différents, plus belles les unes que les autres. Un jour, ils sont attaqués par leurs voisins d'Odawara. Or, dans cet univers, lorsque deux éventualités sont générées, les citadelles se divisent en deux, donnant ainsi naissance à deux réalités parallèles, qui se développent selon leurs propres chronologies. Nadeshiko, la cadette du seigneur Hidete décide de lutter pour reprendre le pouvoir et éviter le sort peu enviable de ses sœurs contraintes d'épouser des rivaux sadiques et pervers.
Shintaro Kago poursuit l'exploration du monde créé pour La princesse du château sans fin. Le récit qui part d'un fait historique qui pourrait être plausible, vire au tragi-comique avec une bonne dose de gore. Les assauts des autres châtelets vont crescendo, contraignant les jeunes femmes à l'ultime sacrifice, avec des résultats dépassant leurs espérances.
Graphiquement, l'artiste use et abuse de la verticalité de l'architecture. Il en joue en la transformant, lui donnant des dimensions irréalistes et des courbes, à l'image des tours-tripes sortant des jeunes filles pratiquant le rituel du seppuku. Oui, les bâtiments prennent des allures organiques et sexuelles. Kago va plus loin que dans l'opus précédent où il "édulcorait ses lubies"; dans celui-ci, il les offre aux lecteurs. En effet, les ennemis du seigneur d'Okayama rivalisent en délires sadiques infligés à certaines de ses filles, avant qu'elles ne suivent Nadeshiko dans la révolte, aidées par une vieille sorcière. Le trait du mangaka est précis et détaillé. Son obsession pour la plastique des corps et la destructuration géométrique franchit un cap dans cet album, qui bénéficie d'une mise en page classique par rapport au précédent.
L'univers du château sans fin n'a pas fini de surprendre les lecteurs les plus audacieux. Shintaro Kago signe un ouvrage aussi brillant que foutraque. Son style percutant le place dans le club très select des maitres de l'ero-guro ! Une lecture à ne pas laisser à porter de tous les yeux.
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