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Q uelque part dans le Sud-Ouest de la France, vers l'an Mil. Un peu avant ou un peu après, cela importe peu. Le spectre du nouveau millénaire hante les lieux. L'ambiance est lourde. La peur s'insinue dans les plus infimes recoins de la campagne. Des meurtres d'enfants particulièrement sanglants traumatisent le pays. Les autorités suspectent l'œuvre d'un loup-garou ou d'un démon. C'est dans ce contexte tendu que Brunehilde, meneuse de loups, débarque un peu par hasard. Les villageois la considèrent avec méfiance et mépris, mais aussi avec respect et crainte. Elle connaît les plantes et soigne les blessures. Il devient vite évident qu'elle doit aider à débusquer l'assassin si elle veut éviter d'être accusée.

Le Moyen Âge dépeint par Thomas Gilbert n'a rien de romantique, ni de légendaire. Il dresse un portrait réaliste et violent d'une société tiraillée par des forces contradictoires, mêlant superstition païenne et ferveur religieuse, confinant au fanatisme. Quant aux paysans, ils pensent avant tout à pouvoir manger à leur faim, quitte à malmener le lien avec la nature. Cette ambivalence entre humanité et animalité, et par extension avec le questionnement sur un rapport complémentaire ou dominateur avec la nature, occupe une place centrale dans l'intrigue. L'héroïne symbolise d'ailleurs un rapport presque chamanique avec la terre, de moins en moins compris et accepté par ses contemporains.

Le récit est âpre et rugueux, porté par un dessin habité. Les visions mystiques qui le traversent ne manquent pas de puissance, mais la conclusion sonne étrangement facile et artificielle. Si la première partie est très prenante, la suite perd progressivement en tension, peut-être à cause d'une progression un peu trop attendue à partir du moment où les derniers doutes sont levés sur le rôle de certains protagonistes. Le scénario s'achemine alors vers une confrontation assez classique, qui tranche avec l'originalité du début.

Par T. Cauvin
Moyenne des chroniqueurs
7.5

Informations sur l'album

La voix des bêtes, la faim des hommes

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Note: 3.4/5 (12 votes)

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 18/02/2024 à 08:57:11

    Nous avons un roman graphique qui se situe entre « Le Nom de la Rose » pour son côté religieux dans une quête de recherche de vérité et « Les rivières pourpres » pour son côté polar sur l'enquête de meurtres d'enfants atrocement mutilés.

    C'est la jeune Brunehilde, meneuse de loups, qui se charge de trouver le coupable pour le bien de la communauté et surtout pour disculper ses amis les loups. On se situe à la fin du Moyen-Age (vers l'an mille) dans une France reculée et superstitieuse. On croit encore au démon et au loup-garou tout en se méfiant des sorcières qu'on condamne au bûcher.

    Evidemment, le tueur est un illuminé ayant foi en Dieu dans une époque où le christianisme s'impose à coup de force et de massacre. Les thèmes sont toujours les mêmes : la folie des hommes qui s'exerce contre les plus faibles à savoir les enfants ce qui est totalement inadmissible toutes époques confondus.

    C'est un album assez étrange dont certaines planches font écho à ses délires mystiques en lui donnant un caractère assez original et parfois effrayant. L'action avance lentement dans un unique tome qui sera assez dense pour donner une consistance et une certaine atmosphère assez pesante.

    La lecture demeure fluide et particulièrement agréable grâce à un dessin qui met en valeur les décors ruraux et forestiers. Certes, la narration parfois s'englue légèrement dans des séquences peu importantes.

    Il n'y aura pas de grande surprise dans le scénario qui demeure assez classique mais on peut dire que la mise en scène est plutôt réussie. C'est une BD qui sort du lot même si elle reste avec une ambition tout à fait mesurée.

    Cela pourra plaire aux amateurs de cette période charnière de la fin du Moyen-Age.

    Grobool Le 20/06/2023 à 22:06:10

    Pour moi c'est entre 3 et 4...

    C'est un bon album, mais c'est pas non plus un livre dont la lecture est à mon sens "nécessaire".
    C'est cool, c'est un moment de lecture agréable, sans plus.

    Il y a des séquences visuellement très sympas. Des pleines planches aussi très sympa... comme les planches introductives de certains péchés notamment.
    Après y'a aussi un homme avec une flèche dans l'oeil droit, qui se retrouve avec la flèche dans l'oeil gauche dans la planche suivante...
    Bon, je tergiverse mais ca peut sortir le lecteur de sa lecture...
    Sachant l'équipe de décrypteur visuel qu'il y a sur Bdgest...

    Le scénario est au final plutôt convenu, je dirai même classique.
    Une fille dont les parents sont sans le sou et ayant une "aptitude" se fait recueillir par un Meneux.
    Elle devient Meneux elle-même... Noté que finalement, malgré le côté féministe de la BD, le mot reste masculinisé.
    Cette Meneux, au final, se méfie des hommes avec un petit h, et va naviguer dans un monde tantôt patriarcal, tantôt très religieux, et va découvrir les vices et les péchés de tous ces hommes.
    Bref c'est au final assez loin d'un Se7en...

    J'ai été assez déçu par le premier tiers, où au fûr et à mesure des pages, on s'attache au duo d'introduction, la Meneux et le Marchant ambulant... qui se fait découdre en moins de deux...
    Et au final, la Meneux passe à autre chose...
    Ca m'a plutôt déçu...

    Bref, je vais mettre 4 pour la note en étant "mieux disant" mais j'aurai mis 3,5.
    A lire pour les fans de l'auteur qui semble avoir fait un bel ouvrage avec "Les Filles de Salem".
    Les curieux des scénarios dit "féministes" pourront s'y attardé.