S
i une bonne image vaut, paraît-il, mille mots, un bon titre est l’accroche indispensable afin d’attirer le chaland. Comment je me suis radicalisée en féminazie rassemble, à part islamiste et woke, tous les éléments de langage nécessaires pour titiller les blasés, les polémistes de réseaux sociaux et les piliers de bar du Commerce. Encore un truc de nana frustrée qui se pense plus maligne en crachant sa haine avec des petits dessins mal dessinés… Sans compter que, si ça se trouve, c'est tiré d'un blogue. Comme si ce genre de BD manquait sur les étales. L’effet attendu est immédiat, le plan com’ était donc parfait. Évidemment, ce n’est pas vraiment de quoi parlent Isa et Michel Gaudelette dans leur album. Diabolique, non ?
Enfin, pour être honnête, pas exactement. La condition féminine tient bien un rôle central dans le recueil. Isa - c’est de l’autofiction en plus - raconte son quotidien d’autrice par l’intermédiaire de petites histoires façon Oncle Paul (premier clin d’œil parmi d'autres sur le côté masculiniste de la bande dessinée). Collègues lourdingues, rédacteur en chef paternaliste (ou presque), copines militantes pas moins gérables et, surtout, la difficulté d’être une artiste et avoir des idées nouvelles en respectant ces foutues règles sociales (être jolie, souriante et élégante à tous moments). Et ne venez pas lui parler des repas de famille et de ces éternelles questions à propos de son travail et de ses amours. Le tout est raconté en mode cent pour cent «Umour» digne des meilleures années de Fluide Glacial. L’esprit cher à Marcel Gotlib vit littéralement au fil de ces récits tous plus rigolos les uns que les autres.
Mise en abîme hilarante, style pétulant (coucou Florence Cestac) et quête permanente pour le bon mot ou la chute qui claque, Comment je me suis radicalisée en féminazie est une lecture immensément drôle et grouillante d’idées farfelues, restant cependant toujours ancrée dans une forme de réalisme plus désabusé qu'il y paraît.
"Comment je me suis radicalisée en féminazie".
Avec un titre ouvertement provocateur et la mention 'Fluide Glaciale', je me suis dit qu'il fallait que je lise ce 'one-shot'.
Isa et Gaudelette ont pourtant décidé de déjouer certaines attentes que l'on aurait pu légitiment avoir au départ; ici, il sera surtout question de thématiques parfois assez personnelles à l'autrice dessinatrice: inspiration pour l'écriture, condition des artistes, repas familiaux à couteaux tirés, condition de la femme au sein de la société, et bien sûr extrémisme/dérives sectaires de néo-féministes et de pro-masculinistes.
Chacun en prend pour son grade et c'est assez drôle dans l'ensemble, même si certains gags voire passages le sont bien moins que d'autres. Au fil des pages, il se dégage une tonalité assez désabusée sur l'état actuel de notre monde, où plus personne n'a l'air de s'écouter ou d'écouter son prochain.
Ce fut une chouette lecture vraiment. Isa et Michel Gaudelette propose un récit amusant, mêlant vérité et fiction, le tout sur une thématique que je n'ai pas besoin d'expliciter je pense au vu du titre. L'album est composé de nombreux gags, nous présentant l'envers du décors du métier d'autrice (il y a d'ailleurs un gag à ce sujet qui m'a fait sourire et qui est criant de vérité quand je me remémore des souvenirs de militantisme et qui pourraient en dégouter beaucoup, bref .) Le titre nous présente une artiste avec ses ambitions, sa condition d'autrice et le milieu dans lequel elle évolue, on rigole souvent, en tout cas si vous aimez l'humour Fluide Glacial et à de nombreuses reprises on a envie de crier comme l'autrice notre dégout de certains aspects de notre société, bon éviter de le faire dans le train par contre ^^'. J'ai beaucoup aimé le travail sur le visage des personnages et notamment celui de l'héroïne, à lui seul, il me fait marrer. Le dessin se rapproche de celui de madame Cestac et rien que pour ça c'est une merveille. En tout cas c'était chouette de le lire dans la revue et ce le fut encore plus en un seul volume. Une merveille.