A
près avoir affronté son père biologique au corps à corps, Georg Knielingen est envoyé dans le Pas-de-Calais. Là-bas, il s'entraîne auprès du caporal McDare, dans le cadre de l'opération Seelöwe. Au fur et à mesure des semaines, le jeune soldat va apprendre les motivations qui ont poussé son instructrice irlandaise à rejoindre la Wehrmacht. Parallèlement, le récit revient sur les années 1920 et 1930 de Liselotte et de Louis.
Le premier tome était centré sur la relation entre les parents de Georg et sur la naissance de ce dernier. Le récit gagne en profondeur. Les lecteurs en découvrent davantage sur le passé de Louis et de son fils en souffrance émotionnelle, conséquence des mauvaises expériences vécues dans son enfance. Ce protagoniste symbolise à lui seul la quête d'identité qui est au cœur de cette série, dont le sous-titre, Ceux que nous sommes, est éloquent. Il en est presque de même pour Sheila McDare. Ce nouveau personnage possède également ses failles psychologiques, en raison de son passé tout aussi tragique et riche en évènements, auquel s'ajoute une mémoire familiale de lutte républicaine et haineuse envers la monarchie britannique. De ce fait, davantage qu'une simple faire-valoir, la jeune femme devient bel et bien une actrice forte de ce récit. En l'incluant, Miceal Beausang-O'Griafa aborde une partie de sa propre identité à sa fiction, tout en invitant les lecteurs à se remémorer la violence qui a touché l'Irlande au XXème siècle. L'habilité des scénaristes est remarquable, dans leur façon de glisser des éléments contextuels précis au service de la narration. La trame en devient toujours plus passionnante, avec ces destins individuels broyés par la grande Histoire. Les bédéphiles vivent aussi avec Liselotte la chute de la République de Weimar et l'avènement du nazisme.. L'album se termine par un dossier, évoqués, illustré et complet sans être rébarbatif, revenant sur ces évènements historiques,
Le trait d’Aurélien Morinière sert admirablement le récit. Venant de la peinture, il parvient à fusionner son art à celui du style franco-belge donnant un aspect singulier, à la fois contemplatif et classique. La mise en couleur contribue également à ce ressenti. Pour la composition de ses planches, l'artiste parvient même à proposer des choix plus audacieux par rapport au premier opus.
Visages, ceux que nous sommes est une saga palpitante, qui captive le lecteur par un scénario ample où l'histoire de l'Europe contemporaine va forger des destins et des identités. À l'instar du Siècle de Ken Follett, Visages cette série est parfaite pour celles et ceux qui apprécient les cycles de récits sur plusieurs générations.
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