Été 1994. Les vacances s'achèvent pour Carl, 11 ans et Harold, son grand frère. Pétanque avec grand-papa, prière avant les repas, messe le dimanche, jeux à l’extérieur et pas trop de « game boy » ; Les jours se suivent, se ressemblent et distillent l’ennui. Mais il y a Peter, le prototype du mauvais garçon. Il incite notamment ses amis à visiter une maison abandonnée où ils trouvent la couverture d’une revue porno. La vue de la femme aux seins nus les enflamme.
La démarche de Ben Gijsemans est conséquente. Après avoir exploré la solitude dans Hubert, puis les penchants troubles dans Aaron, le scénariste aborde la fin de l’enfance dans Les Fidèles. Ces ouvrages pourraient former une trilogie tellement ils scrutent tous la psyché humaine en général et la sexualité en particulier.
Il ne se passe pratiquement rien dans les cent-cinquante pages du bouquin. Pas de drames, pas de réels conflits, pas de surprises ou de revirements spectaculaires. Par petites touches, à travers une série d’événements banals, l’auteur saisit toute la subtilité d’un moment où le prépubère n’en est plus un. Personne ne le comprend vraiment, certainement pas les parents. Peut-être que le protagoniste lui-même ne le réalise pas vraiment. En fait, il n’y a que l’aîné pour deviner ce qui tracasse le cadet.
Le propos se veut austère, mais n’est pas dénué d’humour, par exemple quand l’enfant de chœur imagine une ravissante paroissienne en bikini, juste au moment où le prêtre présente l’hostie en prononçant les paroles rituelles : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous. »
Graphiquement, le livre se révèle étonnant. D’emblée, le lecteur est surpris par le trait délavé, comme si l’album était odieusement mal imprimé. Au second regard, il découvre des constructions savantes rappelant le travail de Chris Ware. Les planches se composent de cases (plus ou moins nombreuses, avec ou sans cadre) et de cercles qui, un peu comme une loupe, mettent en évidence un objet ou une expression faciale. Ces structures demeurent toujours symétriques, créant dans chacune des planches un agréable effet d’équilibre.
Le dessin en soi est minimaliste et, il faut le reconnaître, peu séduisant. Les motifs apparaissent souvent répétitifs et les émotions des personnages limitées. Pour tout dire, d’un projet à l’autre l’illustrateur tend de plus en plus à dépouiller son trait.
Une bande dessinée atypique, mais fascinante, à lire en prenant tout son temps.
Très bon album, agréable à lire, qui surprend tant par sa forme que par son fond.
On suit 2 jeunes frères aux relations tumultueuses, qui pendant les grandes vacances alternent jeux vidéos, lecture, vélo, messe et mauvaise fréquentation...
Une BD qui parlera sans nul doute à ceux qui ont grandit avec un petit/grand frère tant leur relation est bien décrite.
Et la mise en page est magistrale !