L
’origine des super-pouvoirs est connue : quiconque touche un fragment de la comète qui a frôlé la Terre en avril 1938 se voit doté de capacités extraordinaires et devient de facto un justicier ou un mécréant, selon sa moralité. Louna et Ziad sont évidemment bien au courant, mais ils savent que leurs chances de tomber sur un morceau de l’astéroïde sont nulles. Cela ne les empêche pas de rêver, car, c’est certain, ils feraient des héros exemplaires ! En attendant un éventuel miracle, ils mènent une vie modeste avec leurs parents et tentent de ne pas faire trop de bêtises. Ce qui est loin d’être gagné !
Qui a dit que les histoires post-modernes de superhéros devaient être obligatoirement des dystopies ? Ms Marvel et Le métier le plus dangereux du monde démentent ce postulat en proposant une autre tonalité et une note de fraîcheur au rayon spandex. Une mythologie simple et originale, une intégration pertinente et souvent très drôle du phénomène «super» dans la société : Olivier Bocquet a imaginé un double récit (cf. ci-dessous) pétillant et quasiment plus humain que fantastique. En effet, si le nœud de l’intrigue fleure bon Marvel ou DC, c’est bien ce duo frère et sœur qui concentre l’attention. Louna, l’adolescente renfrognée qui cache son jeu et Ziad, le balourd maladroit. Ils vont devoir travailler fort afin de trouver leur place et régler de nombreuses catastrophes (qu’ils ont créées eux-mêmes pour commencer). Tout va à cent à l’heure, les dialogues explosent, les vannes sont continuelles et, petit-à-petit, un mystère plus grand se met en place à l’arrière-plan.
Étonnant et cerise sur le gâteau, chaque personnage a droit à son propre album. En l’état, la série se compose de deux épisodes indépendants à peu près parallèles et lisibles dans n’importe quel ordre. Un troisième tome prévu pour plus tard regroupera ces fils narratifs siamois donnant à l’entreprise une allure de mini-cross-over, comme en Amérique. Cruciale, la construction scénaristique s’avère heureusement boulonnée avec précision. Ainsi, la lecture de ces deux volumes déjantés se fait sans anicroche et avec énormément de plaisir.
Fabio Lai anime ces péripéties avec facétie et une énergie de tous les instants. Style bien posé et ultra-lisible, mise en page ample et tonique, ses planches apportent ce qu’il faut d’impact pour donner un grand A à ces aventures : dans les moments cruciaux et d’affrontement comme c’est attendu, mais aussi durant des scènes moins glorieuses quand papa et maman doivent récupérer leurs rejetons au poste de police ou dans des situations pas moins gênantes. Si le trait est peut-être un peu trop caricatural pas moments, il ne fait finalement que suivre le rythme infernal du scénario et participe sans réserve au ton général.
Totalement dans son époque, drôle, équilibré, rempli de folie et de quelques leçons de morale nullement appuyées (la maison Dupuis, c’est aussi ça), Le métier le plus dangereux du monde est une excellente surprise pleine d’esprit et de rigolade.
Je dois vieillir, je ne sais pas…
J’aime assez bien l’ensemble que je trouve joli mais il me manque diverses choses…
Un peu de fond, par exemple. On nous présente un monde parallèle où les gens ont des pouvoirs mais on suit la fille qui n’en a pas, sur un album total, dans lequel finalement il ne se passe pas grand-chose, pas de vrais méchants à combattre, pas de réelle histoire, juste une petite course creuse d’un bout à l’autre… Pas même une relation qui s’établit réellement entre les deux copines nouvellement rencontrées…
C’est joliment fait mais ça reste assez creux.
En revanche, j’aime globalement bien les expressions, surtout le père, dans l’excès caricatural mais qui marche bien…