L
es enfants sont couchés, Louis et sa compagne regardent tranquillement la télévision. Passent une souris, un écureuil, puis un marcassin. Ce n’est que le début, puisque les animaux sauvages ont entrepris d’envahir Paris. De paisibles cervidés, faisans et lapins, mais aussi des loups et des ours plus inquiétants, et même une baleine nageant discrètement sous le pont Napoléon III. Pour éviter les drames, les écoles ferment, la famille se terre et le confinement se fait lourd, d’autant plus que les héritières ont convaincu papa et maman d’adopter l'espiègle bébé sanglier. Après quelques jours, la smala décide de partir à la campagne.
Louis de La Taille en est à ses premiers pas dans le neuvième art, il signe les textes et les illustrations de ce premier tome de Grand Louis.
Le scénario propose un amusant renversement des prémisses. Tous se souviennent qu’au début du COVID, les bulletins de nouvelles présentaient des reportages sur les créatures profitant de la désertion des rues pour se réapproprier un territoire qui leur appartenait naguère. Cette fois, juste retour des choses, les bêtes dictent le jeu.
Au-delà de l’anecdote animalière, Le Marcassin constitue une chronique familiale. Filles et garçons s’identifieront certainement à la galerie de sympathiques personnages. À la tête de la bande, une mère et un père visiblement épuisés par leur quotidien, néanmoins conscients d’avoir la meilleure progéniture au monde. Ensuite Merlin et Alba, deux gamines dégourdies à la répartie quelquefois cinglante, puis l’intrépide Monelle, toujours aux couches.
La structure du récit demeure simple et les jeunes lecteurs n’auront aucun mal à s’y retrouver, même si le livre se montre relativement long. Un seul bémol, la résolution de la crise apparaît un peu simpliste ; il est à noter qu’elle fait intervenir un héros tiré d’une autre série de bande dessinée.
L’artiste choisit la ligne claire. Ses décors, généralement épurés, mettent en évidence un ou quelques éléments significatifs, mais, surtout, le travail des acteurs. Le style semi-caricatural permet d’exacerber leurs émotions et de bien traduire l’état de désorganisation régnant dans le petit appartement. Enfin, la construction en quatre bandes assure la lisibilité de l’ensemble.
Destiné à un public jeunesse, cet album offre une intéressante variation sur les événements ayant bouleversé la planète au début des années 2020. Il devrait du reste plaire aux parents qui se reconnaîtront dans une dynamique familiale parfois chaotique.
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