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ohn Edgar Hoover fut le patron du F.B.I. (Federal Bureau of Investigation) de 1942 à 1972. Cette longévité exceptionnelle à la tête d’un tel service trouve probablement son origine dans les dossiers secrets qu’il possédait, fort utiles pour faire chanter n’importe qui aux Etats-Unis en cas de besoin. En homme avisé, il avait prévu de mettre ces documents en sécurité s’il devait se sentir menacé. C’est ce qui arriva le 2 mai 1972, le jour où il mit fin à ses jours. Des amis de confiance ont déplacé et dissimulé ces précieux cartons. Trois ans plus tard, une commission sénatoriale conduite par le sénateur Brinksley menace le pouvoir en place. Il serait en possession des fameux documents.
Ce troisième tome de la série Sam Lawry se situe quelques années après le retour de Sam de la guerre du Vietnam. Nous retrouvons l'homme aux prémonitions si macabres devenu simple chauffeur de taxi de nuit à Washington. Il soutient à sa manière et du mieux qu’il le peut la femme et le fils de son défunt frère, comme s'il lui fallait accomplir un acte de rédemption pour n’avoir pu le sauver.
Comment Hervé Richez allait-il relancer une série qui avait vu une idée originale très bien développée en deux tomes et ne nécessitant pas de suite ? Force est de reconnaître qu’il a su trouver un nouveau scénario captivant en s’appuyant sur l’histoire des dossiers secrets du F.B.I. et leurs conséquences. Ces dernières années ont vu un certain nombre de ces documents déclassifiés apportant leur lot de révélations allant de la théorique survie d’Adolf Hitler au militantisme pacifique d’Einstein. Mais on y trouve également des informations sur toutes les personnalités en vue, qu’ils soient hommes politiques, journalistes ou stars du show-business. Manipulations des hommes au pouvoir et autres complots en tout genre ont toujours fasciné les populations et c’est certainement pour cette raison que ce nouvel album est intéressant. Richez s’est manifestement documenté et maîtrise parfaitement son sujet. La seule faille de ce récit est quand même de taille puisqu’elle concerne le personnage principal de la série. Il faut avouer que les circonstances qui conduisent Sam à être impliqué dans cette intrigue sont dues à un hasard exceptionnel. Il ne méritait pas de voir sa condition de retraité de l'armée perturbée par des enjeux de cette envergure, le destin en a décidé autrement et ce don continuera à lui attirer des ennuis. Ce n'est rien de le dire, il suffit de lire la dernière planche pour s'en rendre compte.
Autre changement majeur dans la série, Mig laisse la place à la planche à dessin à Chetville. Il a débuté dans plusieurs magazines BD (Vécu, Tintin...) puis change radicalement de cap en travaillant pendant de longues années dans le textile et réalise les logos de nombreuses lignes de vêtements. Cette année, il revient vers ses premières amours et signe les dessins d’Il était onze heures et quart, Sam … Son trait est plus réaliste et confère aux personnages plus de maturité, Lawry apparaît plus adulte, il semble ainsi mieux vivre son étrange faculté. Les décors sont très soignés et nous entraînent au cœur de cette Amérique des années 70. L’autre différence importante se situe dans la mise en couleurs, la palette est moins vive, les tons plus neutres renforçant ce réalisme souhaité.
Il était onze heures moins quart, Sam … relance la série grâce à un scénario accrocheur et captivant bien servi par un dessin qui joue la continuité sans pour autant manquer de personnalité.
On change totalement de décors avec ce troisième tome pour se retrouver aux Etats-Unis où Sam Lawry s'occupe de son neveu et de la compagne de son défunt frère.
Poussé par cette gentille petite famille, Sam a prit la décision de se soigner par rapport à cette balle qui a atteint des zones de son cerveau lui procurant cette malédiction de voyance. Plus que jamais, Sam a la phobie des miroirs. Ainsi, il devient un chauffeur de taxi sans rétroviseurs ce qui peut quand même poser des problèmes en matière de sécurité routière.
Malheureusement pour lui, il voudra aider un homme sans savoir que ce dernier a enlevé un enfant d'origine chinoise. Cela va l'entraîner dans un engrenage d'une lutte sans merci entre un candidat démocrate à la présidence et le directeur de la CIA qui est sur la sellette depuis l'affaire du Watergate. Ce tome va d'ailleurs se terminer dans la tragédie la plus absolue pour notre héros qui n'a vraiment pas de chance.
D'une atmosphère de guerre, on se retrouve dans le thriller politique ce qui marque une nouvelle orientation de cette série. Il est vrai que le scénario est beaucoup plus développé que dans le premier diptyque. Le récit demeure divertissant et passionnant.
Bref, une série très sympa à lire mais qui ne se termine pas forcément très bien. Ce n'est plus un don de voyance mais cela devient une véritable malédiction.
En net progrès par rapport au premier cycle.
Les auteurs ont totalement renouvelé le style du héros qui passe du grade de militaire au Vietnam à celui d'un quidam embarqué bien malgré lui dans une histoire d'espionnage.
Même les dessins sont en net progrès.
Que du bon.
8/10.
Très bon album.
Sam vit une vie de m... pour financer celles de son neveu et de sa belle soeur.
Il ne se doute pas que le hasard va faire qu'à des milliers de kilomètres de là un gamin chinois va interférer dans sa vie et dans celles des gens qu'il aime.
Richez est assez culotté, c'est rare qu'un scénariste se permette autant de décès avec des "héros", mais c'est aussi le charme de cet album.
Pourquoi pas une meilleure note alors ? Tout simplement parce que s'il y a densité, il manque à mon sens une certaine profondeur. Les sentiments semblent trop plaqués et pas suffisamment massifs.
Commencons par deux bemols:
Principalement les couleurs qui sont fades, ternes et sans saveurs, ce qui attenue l'impression générale de l'album (pourtant un vert bienclair sur la pelouse est superbe au cimetiere..)
Parfois les dialogues apparaissent simpliste "style oui-oui"..., a retravailler
Sinon excellent album, certes le contexte a changer, mais cela reste trés bon, les devellopements futurs semblent prometteurs, le scénar se tient trés bien, bref, je conseille vivement