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Le genre du capital Enquêter sur les inégalités dans la famille

29/05/2023 3587 visiteurs 6.0/10 (1 note)

P arfois, il faut passer au-delà d'une première impression peu encourageante. Il faut bien admettre que la couverture de cette bande dessinée est particulièrement peu engageante avec son choix de couleurs assez laid et une illustration sans réel rapport avec l'intérieur, que ce soit dans le style graphique ou la forme.

Une fois passé cet écueil, le contenu se révèle très intéressant. L'égalité homme/femme est inscrite dans la loi. Pourtant, les différences de patrimoine perdurent, et tendent même à s'aggraver. Il est d'ailleurs édifiant que la racine étymologique de ce terme renvoie au père, suggérant une autorité masculine sur les possessions d'une famille. Ce constat a été dressé par les sociologues Céline Bessière (Paris Dauphine) et Sibylle Gollac (CNRS, Paris 8). Depuis une vingtaine d'années, elles conduisent une recherche approfondie sur les répartitions patrimoniales lors de divorces et de successions. Au fil d'exemples et de cas d'études, elles exposent comment les héritiers masculins restent favorisés, parfois à la limite de la légalité. Les biais misogynes entachent dans les jugements de divorce, invisibilisant le travail domestique et conservant une vision archaïque de la famille. La femme reste assignée à un rôle domestique, la condamnant à la précarité, alors que la position professionnelle de l'homme est privilégiée, que ce soit dans l'organisation de la garde des enfants ou le refus de prise en compte du travail "gratuit" fourni par l'épouse. Implicitement, il est admis qu'il doit subvenir aux besoins de la famille, même décomposée, sauf qu'il s'agit d'un marché de dupe, puisqu'il ne participe qu'indirectement, par le versement de pensions alimentaires - souvent impayées - alors que c'est l'ex-épouse qui doit supporter la majorité des charges.

Les cas exposés couvrent toutes les classes sociales, pour démontrer qu'il s'agit d'un problème systémique.

Evidemment, les situations exposées sont parfois techniques et complexes. Le processus narratif choisi par l'autrice Jeanne Puchol tente de s'éloigner des longs monologues laborieux. Elle alterne les discussions en zoom - les intervenantes étant représentées par des avatars lisses et sans expression -, les planches plus didactiques et le recours à des chats qui racontent, avec un mélange de candeur et d'impertinence, les déboires de leurs propriétaires d'origines diverses.

Cette multiplication des procédés semble empêcher d'approfondir les sujets, les changements de narration cassant le rythme. Sans doute le but était-il d'éviter la monotonie des échanges techniques en introduisant une distance, mais l'effet ne fonctionne qu'à moitié. Cette réserve sur la forme n'empêche pas le genre du capital de soulever nombre d'interrogations essentielles et d'exposer des enjeux particulièrement importants.

Par T. Cauvin
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

Le genre du capital
Enquêter sur les inégalités dans la famille

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    Erik67 Le 10/12/2024 à 07:23:02

    Voici une BD documentaire écrit par deux sociologues dont le sujet sont les inégalités dans la famille. On se rend compte que l'écart qui se creusent entre les riches et les pauvres cachent bien d'autres réalités comme l'accroissement du patrimoine entre les hommes et les femmes.

    C'est assez effarant de découvrir ça. Cependant, ce qui compte, c'est la démonstration argumentée par les deux auteurs qui comptent pour bien comprendre ce phénomène cachée. Bref, on ne s'en rend pas vraiment compte. Il faut creuser pour le découvrir.

    Je retiens que les héritages favorisent surtout les hommes dans la famille. Ces derniers reprennent souvent exploitation familiale en laissant quelques miettes aux sœurs. Le pire, c'est que j'ai pu le constater à travers l'exemple de la succession chez ma propre épouse qui a été complètement lésée. Cependant les femmes acceptent cela par souci d'apaisement familial et c'est exactement ce qui s'est passé. La paix dans les familles se réalise souvent aux dépens des femmes !

    Ces cas qui semblent isolée rapporté à tout un pays, on découvre une tendance qui ne leur ai actuellement pas du tout favorable. L'écart entre ce que détiennent hommes et femmes a presque doublé durant les 20 dernières années ! Pourtant, les femmes gagnent actuellement de l'argent en travaillant presque toutes. Bref, c'est ce qui se joue dans la famille qui fait la différence.

    On se rendra compte également que les notaires font tout ce qu'il faut pour préserver le patriarcat à travers le maintien du statut social d'une famille possédant un commerce ou une exploitation agricole. C'est le patrimoine professionnel qui est au cœur de cet enjeu.

    Que dire également de ces avocats qui vont aller mieux défendre ceux qui ont de l'argent ? Les conseils avisés sont moins présents pour les femmes qui prennent des avocats par l'aide juridictionnelle. C'est quand même une justice aux rabais !

    Par ailleurs, le phénomène de l'individualisation des patrimoines au travers le statut matrimonial n'a pas favorisé la mixité sociale entre homme et femme. Dans les familles riches, on se marrie sous le régime de la séparation de biens dans la plupart des cas.