À l'occasion de la sortie d'une nouvelle adaptation cinématographique d'un des plus grands romans d'aventure, les éditeurs de bandes dessinées ont sauté sur l'occasion de proposer différents albums autour de l’œuvre de Dumas. Plus rarement l'objet de pastiches pour le neuvième art que sur grand écran, la transposition proposée par deux auteurs qui ont roulé leur bosse dans le registre humoristique a de quoi faire espérer le meilleur aux bédéphiles.
"Un pour tous, tous pour un !" : le cri de ralliement des trois mousquetaires, qui sont en fait quatre, est connu de tous. Mais en est-il de même pour les personnages et leur créateur ? Pas si sûr... Partant de ce postulat, Gilles Rochier s'amuse à décrire les héros sous un autre angle, usant au passage d'anachronismes savamment dosés. L'archétype du héros tête brulée - intrépide qu'est d'Artagnan devient alors un ado boutonneux imbu de sa petite personne, assénant des "et Bim" à tout bout de champ. De quoi abasourdir ses trois compères, qui demeurent fidèles à leurs clichés : Porthos le glouton, Aramis le pieux dragueur et Athos le chef de bande. Néanmoins, le scénariste arrive à détourner ces images à l'occasion de gags savoureux. Autre incontournable : une bonne histoire comporte des vilains convaincants. Le cardinal se veut machiavélique mais il trouve plus fort que lui avec une Milady devenue ultra féministe et qui use de tous les stratagèmes, y compris la violence, pour imposer ses opinions à tous ses comparses masculins. Une autre astuce scénaristique donne un complément de saveur, elle consiste à truffer le récit de tranches de vie d'Alexandre Dumas. Ainsi, les plus curieux découvriront un auteur qui utilise son quotidien et sa charmante épouse pour faire évoluer son récit.
Le style de Fabrice Erre convient parfaitement au ton souhaité pour cette adaptation "presque officielle", comme mentionnée par une pastille sur la couverture. D'ailleurs, celle-ci détourne l'affiche du dernier film en date. Le dessinateur parvient à rendre horripilant l'apprenti mousquetaire en multipliant les poses d'ado sauce gangsta rap. Les autres deviennent blasés sous le crayon de l’artiste. Mais surtout, il combine avec efficacité dynamisme propre à l'action et moments de répit précédant le lancement du gag suivant. À la fin, il gratifie les amateurs d'Histoire d'un petit dossier.
Les Trois mousquetaires la BD (presque) officielle du film joue avec le support de départ afin de faire rire le plus grand nombre de lecteurs possible, ce qui est réussi. La lecture est agréable et elle convient à tous les âges.
Est-ce le début d'une série? Début de l'album laborieux, mais fin plaisante. J'ai confiance dans les auteurs sur le tome 2.
Graphiquement fidèle à ce que Fabrice Erre a fait de meilleur, c'est au scénario qu'on se prend à rêver de ce qu'aurait fait un Fabcaro...