A
lpes, près de la frontière austro-italienne, 1991. Un couple de randonneurs, Helmut et Erika Simon trouve un cadavre enfoui dans la neige. Des chercheurs comprennent rapidement qu’il s’agit d’un chasseur de l’âge de bronze miraculeusement conservé par le froid. L’étude du corps révèle une mine d’informations sur cette époque, notamment l’alimentation et les pratiques médicales. Les érudits découvrent également que l’individu a été assassiné. Cinq millénaires plus tard, Colocho imagine l’histoire d’Horbuprän (surnommé Ötzi), un marginal qui a eu l’imprudence d’avoir une aventure avec la femme d’un guerrier. Le cocu n’oubliera pas cet affront.
À travers l’ordinaire d’un homme à la célébrité tardive, l’auteur présente une société depuis longtemps disparue. Avec l’éclairage de la science, il échafaude une anecdote crédible. Le lecteur s’attache à cet artisan lambda qui maîtrise les principes de la métallurgie, prend un gamin sous son aile et s’amourache d’une congénère. Sa tribu est structurée ; elle est du reste constamment en guerre avec ses voisines. Le propos alterne entre les découvertes des scientifiques et le quotidien du monde préhistorique ; cette stratégie narrative fait mouche.
Le scénariste a fait le choix de demander aux acteurs d’adopter un registre linguistique contemporain ; le bédéphile conçoit évidemment que l’objectif est de favoriser son identification aux personnages, mais s’étonne tout de même de les entendre utiliser des mots tels « blaze », « bordel », « choper » ou encore « vénère ».
L’artiste soutient le projet avec un dessin caricatural en noir et blanc. Son trait hachuré donne aux cases l’allure de petites gravures abondamment encrées. Cet effet, très sombre, est plutôt réussi. Toutefois, la récurrence d’interminables combats avec onomatopées tonitruantes et généreuses marques de mouvement rappelant l’esthétique du manga plombent un peu l’ambiance.
Au final, Ötzi, une vie décongelée[i/] semble se chercher une ligne directrice. Le scénario est en effet divisé entre le travail des savants, l’histoire du héros et les scènes d’actions, lesquelles finissent par occuper beaucoup de place, sans enrichir la biographie.
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