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’effervescence est grande à Panarr : le cycle de dix ans est sur le point de s’achever et l’arrivée de Hang, une créature tutélaire et protectrice, est imminente. Cette bête extraordinaire arpente la planète inlassablement depuis la nuit des temps et son passage est synonyme de renouveau et de renaissance. Pour la famille d’Avine et Kahl, c’est également une occasion d’aller à la ville afin d’écouler leurs créations artisanales. Mais, plus que l’aspect mystique de l’évènement, pour les enfants tout particulièrement, c’est un sensationnel moment de découvertes et de merveilleux.
Jeune auteur découvert en 2022 avec l’imposant Stigma, Quentin Rigaud revient déjà sur les étales en proposant un nouveau projet pas moins ambitieux : Mortesève. Ce récit d’heroic fantasy finement construit est doté de tous les éléments attendus : culture, tradition et écologie. Au centre des débats, une jeune héroïne est obligée de prendre son futur en main et va devoir affronter une succession ininterrompue de rencontres et d’épreuves révélatrices. Si la manière et le fond s’avèrent classiques et entendus, le scénariste évite heureusement de (trop) tomber dans le déjà vu ou lu. Les rebondissements, dramatiques à l’extrême, sont nombreux et souvent surprenants.
Bien campé dans son époque comme l’est Geoffroy Monde avec Poussière, Rigaud a conçu un univers organique dont l’équilibre est menacé. Évidemment, tout le monde étant sur le même bateau, cela provoque des conséquences pour toutes et tous. Cette sensation d’appartenance à une réalité plus grande que la simple personne est parfaitement rendue par une mise en images dense et habitée. Outre une nature riche et grouillante dans laquelle les protagonistes errent et se débattent, la caméra prend régulièrement du champ pour montrer le gigantisme de l’environnement et la petitesse des individus. Gigantisme au pied d’argile cependant, une perturbation aussi minime soit-elle pouvant avoir des retombées inimaginables un peu plus tard. Pollution ou dégradations diffuses combinées au célèbre effet papillon, la fable est connue.
Graphiquement solide, narrativement au point malgré quelques longueurs ici et là, Mortesève possède toutes les qualités coutumières de ce type de saga initiatique. Les amateurs seront certainement comblés par cette épopée et ce macrocosme fantastique.
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