«- Le vélo, c’est pas un loisir, c’est une quête indépassable, une discipline, un sacerdoce !
- Oui, ‘fin c’est un peu un loisir quand même, hein...»
Simon et Florent, fin de vingtaine, débutent réellement leur vie d’adulte. Trouver un boulot un peu stable, accepter le fait qu’ils ne seront jamais des stars ou des super-héros. Faire comme tout le monde, finalement. Un peu angoissés par ce futur très balisé, ils décident, pour une dernière fois ou pas, d’oser une folie à leur échelle. Ils aiment le vélo, surtout Simon. Ils organisent à l’arrache une «ride» vers la Bourgogne, leur terre natale. Paris – Mâcon, cinq cents kilomètres en cinq jours, sans assistance et par les petites routes.
Version génération Y du roman initiatique, mâtiné de mobilité douce et de considérations environnementales et sociales, La Ride apporte un petit vent de fraîcheur, un coup de pédale à la fois. Les deux potes sont sympa, rigolos et ne ménagent par leurs efforts pour entraîner le lecteur dans leur expédition par monts et par vaux. Époque oblige, les anglicismes sont à la mode et pour animer cette virée, Simon Boileau propose un flow dynamique et totalement charmeur. De l’humour, quelques piques contre le consumérisme et l’étalement urbain et un bagou non-stop d’étape en étape. Il offre une leçon de lenteur (spécialement dans les cols du Morvan) face au rythme parfois insensé de la vie moderne (et quand ça descend). Réapprendre à se contenter de ce qui est là sans toujours chercher plus, prendre le temps de regarder autour de soi et s’ouvrir aux autres. Depuis Voltaire et Henry David Thoreau, la recette est connue, à chacun de s’en souvenir.
Un peu de David Prudhomme ici ou là, énormément de fluidité et des couleurs pastels osant les contrastes, Florent Pierre a mis le grand braquet pour ses illustrations. Sa plume file littéralement sur la narration et sa caméra ne cesse de virevolter pour capter l’énergie de ces amis lancés sur les chemins de l’Hexagone. Le découpage et la mise en scène très ouvertes se montrent particulièrement efficaces. Résultat, l’envie de liberté et l’enthousiasme sont palpables et extrêmement communicatifs. De plus, même s’il y a de la sueur et des coups de mou, c’est avant tout le plaisir et le surpassement qui sont visibles.
Didier Tronchet l’avait théorisé dans son Petit traité de Vélosophie, Simon Boileau et Florent Pierre l’ont mis à l’épreuve des faits. La Ride est une équipée d’aujourd’hui, à la fois conviviale et concernée. Un très bon premier album à découvrir.
A lire absolument !
Un régal, on est embarqué dans cette remise en question de 2 trentenaires qui vont partir faire un périple à vélo.
Des dessins inspirés, une mise en page sobre avec des touches créatives, et un rythme où presque chaque double page propose une idée de réflexion pour relancer le récit.
Merci aux auteurs !