C
hristophe Van Meer est une étoile montante de l’art contemporain. Sa prochaine rétrospective devrait le consacrer. Lorsque des intrus pénètrent chez lui, il se réjouit de découvrir qu’ils n’ont rien volé. Peu après, le mystérieux Thomas Crane lui coupe l’herbe sous le pied en présentant une exposition d’œuvres semblables à celles de sa production la plus récente. C’est le début de la fin pour le peintre.
Les éditions Anspach refont une beauté à Plagiat! Publié en 1989 par les Humanoïdes associés, l’album avait alors figuré parmi les finalistes à Angoulême, puis remporté le prix RTL de la bande dessinée.
Les ajustements se multiplient : éclairages repensés (les couleurs sont moins lumineuses que naguère), recadrage de certaines images, suppression et ajout de détails (par exemple des clins d’œil à Tintin et au Chat de Philippe Geluck), remplacement de vignettes, incrustation de nouveaux tableaux, congédiement de figurants encombrants et police de caractères revisitée. Le livre est en outre complété par un dossier d’une dizaine de pages sur Stefan de Jaeger, dont les déconvenues rappellent celles du protagoniste. Bref, l’éditeur et les auteurs n’ont pas ménagé leurs efforts.
Le scénario (écrit avec le concours de François Schuiten et Benoit Peeters) n’a pas pris une ride. Dans ce récit bien construit aux allures de roman policier, le trio porte un regard ironique sur le milieu artistique, discute du vrai et du faux, du vol et de la propriété intellectuelle. Le héros, artiste maudit archétypal et un tantinet caricatural, demeure néanmoins crédible et attachant. La chute se révèle, du reste, toujours aussi magistrale.
Les années 1980 voient renaître la ligne claire. Yves Chaland, Ted Benoît, Floc’h et bien sûr Alain Goffin s’approprient l’esthétique popularisée par Hergé et Edgar P. Jacobs. Le dessin reste évidemment de facture classique et les acteurs théâtraux avec leur jeu un peu raide. Les illustrations souffrent par moments de l’abondance de dialogues qui entravent leur lisibilité, il aurait été intéressant de profiter de l’occasion pour y remédier.
Alors, nécessaire cette refonte ? Oui et non. Les retouches se montrent essentiellement cosmétiques ; heureusement, puisque la version originale tenait la route et que la dénaturer aurait été fort triste. La réédition a le mérite de remettre à l’avant-scène une bande dessinée et un bédéiste de talent retiré du monde des cases et des bulles depuis trois décennies.
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