Ascensions s’ouvre sur une première planche qui donne le vertige. La Structure-Monde dans laquelle Bouss nous invite à pénétrer est à la fois énigmatique, complexe et grandiose. On cherche à différencier le haut du bas. On tente de comprendre comment cette structure est construite, comment les pièces se rejoignent, ce qu’elles abritent, etc. Une observation attentive de cette page intrigue et fascine le spectateur que nous sommes, on passe alors à la suivante, curieux d’en savoir plus sur cet édifice qui touche le ciel.
Le lecteur embarque alors pour un voyage fantastique en compagnie de quatre amis tout aussi curieux que nous. On est le cinquième compagnon, celui qui observe et vit sans rien dire, celui qui frissonne et angoisse pour les autres, le seul qui soit vraiment en sécurité lorsque des phénomènes paranormaux se présentent… Les pages s'enchaînent. On s’attarde sur les détails des décors avec l’espoir secret de voir une faille qui nous mènerait au cœur même de la structure, là où nos compagnons désirent se rendre plus que tout. Mais rien ne nous permet de les aider. La forteresse est dotée de son propre libre-arbitre, elle vit, agit, joue avec nous au point de nous rendre fou.
L’auteur s’amuse à redistribuer les cartes au cours de l’ascension. On croit comprendre, puis une case après on est de nouveau dans le flou le plus total. On a du mal à voir vers où tout cela nous mène, pourtant on n’abandonne pas. Le bloc de pierre aux milles pièces exerce un pouvoir fascinant, envoûtant. Dès qu’on y a pénétré, on se retrouve comme les quatre explorateurs : prisonniers, suffocants même tant l’atmosphère est oppressante, mais toujours irrémédiablement attirés par le mystère et les secrets qui l’entourent.
On observe des phénomènes surprenants, voire loufoques par moment. On rit, on frissonne, on se questionne, on a même peur pour les personnages, mais il faut tout de même fermer l’album une fois la 46e planche lue… Toutefois, l’envie de pénétrer de nouveau dans ce monde clôs, de retrouver nos amis, se fait sentir dès que notre regard se pose une nouvelle fois sur la couverture.
Bouss signe là un premier album étonnant et fascinant avec un bâtiment complexe, des décors fourmillant de détails, des personnages attachants et expressifs et tant d'autres choses. La Structure-Monde est loin de nous avoir livré tout ses secrets et les deux tomes à paraître ne seront pas de trop pour cela.
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