A
près une journée à courir dans les bois, Tia souffle les bougies de son quatorzième anniversaire, entourée par sa cousine et sa tante. Quand cette dernière lui remet un courrier, le cœur de l’adolescente s’emballe. Les nouvelles sont bonnes : elle va pouvoir rentrer chez elle. Enchantée de retrouver son père, elle s’inquiète pourtant. Comment va sa mère ? À quoi doit-elle s’attendre ? Si la réalité est dure, le pire ne tarde pas. Décidée à sauver Laïra du mal qui la ronge, Tia se lance à la recherche du légendaire peuple araignée, caché quelque part dans le désert rouge.
Pour évoquer le sujet difficile de grave de la maladie mentale, Greta Xella a choisi la forme du conte. Elle y a intégré tous les éléments qui en font la richesse, l’intérêt et qui donnent envie d’y revenir. Ce faisant, elle a créé un univers baignant dans le fantastique et chargé de mystère. Après une introduction aussi poétique qu’intrigante, le récit montre une enfant enjouée pour, quelques pages suivantes laisser percevoir les premières failles. Puis, tout s’enchaine, entrainant l’héroïne – et le lecteur avec – dans une quête initiatique forte en péripéties et en émotions. Le trouble de la mère est également bien raconté et mis en image par l’autrice italienne qui montre sa progressivité, ses effets sur la relation et les dégâts d’un épisode cataclysmique où la noirceur ébranle et stupéfie. Le voyage qui s’ensuit est constitué de rencontres, providentielles ou inquiétantes, qui permettent à la principale protagoniste de grandir et de relever les défis, en s’affranchissant petit à petit de la peur et des doutes. Enfin, la résolution possède une portée symbolique particulièrement éloquente.
L’histoire est portée par un graphisme influencé par le manga et doté de jolies couleurs acidulées. La bédéiste soigne les détails d’un monde imaginaire rempli de bestioles mignonnes ou féroces et dont chaque lieu visité possède une identité marquée. Expressif, le trait rend au mieux la gamme des émotions ressenties par des protagonistes qui jouent juste. Le travail sur le découpage, les plans et les cadrages assure une bonne dynamique d’ensemble, tandis que l’œil apprécie la manière dont Greta Xella est parvenue à illustrer avec beaucoup d'à-propos certains événements et concepts. Ainsi, les deux cent cinquante-sept pages de cet album petit format se tournent avec facilité et maintiennent l’attention d’un bout à l’autre.
Bénéficiant d’une édition de qualité de la part de Dargaud, Fille de Lune offre une échappée à la fois dépaysante, touchante et plaisante. Une bande dessinée à découvrir.
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