« En 2056, les robots ont remplacé les êtres humains sur le marché du travail. La coexistence est difficile entre les robots et les dix milliards de Terriens. Chaque famille humaine dispose d'un robot dont elle dépend entièrement. Le robot des Walter, Razorball, passe - de façon assez inquiétante - tout son temps libre dans le garage à construire des machines conçues pour tuer sa famille d'accueil... ».
Résumée de la sorte, le lecteur lambda pourrait penser à une énième transgression des fameuses lois de la robotique édictées par Isaac Asimov. Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples qu’elles le paraissent et de l’aveu même de Mark Russell, Not All Robots est avant tout une métaphore sur la masculinité toxique…
Au-delà de la subliminalité de l’œuvre, la lecture des aventures des Walter semble devoir confirmer que le ségrégationnisme, le consumérisme et l'Humanité sont consubstantiels et, qu’accessoirement, cette dernière ne dispose que de peu de crédit auprès de certains auteurs ! Il faut dire que cette approche, aux multiples variations, offre de nombreuses possibilités de scénarii. Toutefois, force est de constater que, dans le cas présent, tout ceci se heurte rapidement à de simples considérations de pagination. Qui trop embrasse mal étreint dit le proverbe, et la formule vaut pour Mark Russell qui pèche ici par excès. Son récit repose sur un univers uchronique par trop complexe pour être correctement cerné en si peu de pages, à peine cent-vingt ! Alors oui, il aurait peut-être fallu structurer différemment ce récit, choisir plus judicieusement ses ellipses ou restreindre simplement ses ambitions car, à bien des égards, cet album qui prétend aller au-delà du simple divertissement, manque singulièrement de vraisemblance et de profondeur dans l’analyse des comportements ou des situations. Coté graphisme, Mike Deodato Jr. et Lee Loughridge livrent une partition intéressante mais qui, par ses tramés et sa gamme chromatique pesante, pénalise la lisibilité d’un dessin hyperréaliste à la Marazano.
Ambitieux dans son propos, Not All Robots montre cependant vite les limites de son scénario ! Dernier petit détail, la prochaine fois que vous achetez un comics, vérifiez bien qu’il ne s’agit pas d’un manifeste sur l'asymétrie dans les relations d’interdépendance symbiotique !
Vraiment chouette moment de lecture.
La conclusion, bien que visible a 8 bornes, reste bien trouvé.
Viva la Revolution! Ne laissons pas notre travail aux AI et aux Robots!
Sinon on est foutu.
N'acceptons pas notre obsolescence!
Travailleurs de tout pays, Unissez vous!