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élène retourne chez elle après quelques années d'absence. Elle retrouve son père, qui semble avoir égaré son esprit entre deux époques. Elle assiste aux funérailles d'une amie de lycée, emportée par un cancer. Elle s'était éloignée de sa ville natale pour fuir un souvenir douloureux. Pourtant, tout la ramène à un drame personnel qu'elle partage avec la défunte et deux autres amies. La vie les a éloignées, mais n'est-ce pas surtout une certaine nuit qui a brisé leur entente ? Pourtant, savent-elles ce qui s'est vraiment passé ? N'est-il pas temps d'accepter de se souvenir et d'en parler ?
Construit comme un thriller psychologique, cette bande dessinée s'interroge sur l'amitié face au poids des secrets. Si l'histoire en tant que telle est bien construite, elle souffre d'un manque criant de développement. Les révélations se suivent et, jusqu'à la résolution, c'est avec un certain désintérêt que le lecteur assiste à ce grand déballage. Pourtant, le sujet est fort. Mais ce qui fait la puissance d'un récit ne tient pas tant à ses moments intenses qu'à tous ces instants de relâchement, lorsque les personnages se livrent, se découvrent et baissent la garde. C'est dans cette fragilité que l'ampleur des sentiments se déploie. Tout cet aspect est malheureusement trop discret, pour ne laisser qu'une impression de précipitation. Les auteurs vont où ils le désirent mais perdent un peu de l'humanité d'Hélène, Najat, Katia et Mélanie en cours de route.
Il est clair qu'un viol entraîne un grave préjudice chez la victime. Celle-ci est devenue malgré tout une femme équilibrée et qui n'a pas gardé de la rancœur contrairement à certaines de ses copines au village qui se sont mobilisées pour assurer la vengeance des femmes par rapport aux crétins.
J'ai bien aimé le début mais pas le final qui m'a semblé tellement peu authentique dans son aspect crédibilité. Je ne comprends pas d'ailleurs la longue incarcération de l'une des protagonistes qui va tout prendre sur elle alors que la preuve de la culpabilité n'est pas du tout établie objectivement parlant. Il faut quand même de l'ADN ou des témoignages accablants et sans compter sur les circonstances atténuantes. Bref, l'auteur n'a certainement pas fait du droit pénal.
C'est dommage car c'était assez entraînant avec ces petits détails dissimulés ici et là. Franchement, il y avait du potentiel mais c'est un ratage quand même. Il faudra faire mieux la prochaine fois pour convaincre le lecteur fan de polar. A noter qu'il manque également l'émotion qui ne passe pas vraiment.
Par ailleurs, il est vrai que le dessin a un côté enfantin qui ne correspond guère à ce genre de drame intimiste. Il y a comme une erreur de correspondance. Mais tout est une affaire de goût.
Après, il reste néanmoins la thématique intéressante du harcèlement scolaire ainsi que des femmes. Faut aimer. Cela n’a pas été mon cas.