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aconter des bêtises énormes, écorner les vaches sacrées et dessiner des zizis dans les coins, L’Abbé est devenu en quelques années un artisan «Fluide» sur lequel la rédaction peut compter. Mais, voilà, qui se cache derrière cette plume acerbe et tellement alerte ? La réponse se trouve dans L’Abbé ne fait pas le moine, un album autobiographique longtemps espéré tant chez les lecteurs occasionnels que les exégètes pointus (poil au …).
Exemple de l’artiste-éponge qui se gorge de l’instant présent pour le recracher à sa manière une fois pressé, l’auteur s’amuse comme un petit fou à triturer la réalité à la recherche du gag suprême et de la chute idéale (n’importe quelle fin fera l’affaire, en vérité). En effet, si quelques échos de son existence permettent de démarrer une histoire, ceux-ci servent avant tout à mettre en branle une machine à situations improbables, entre absurde pur et défoulements cathartiques. Excès en tous genres mettant la table à une expression d’un mauvais goût digne des soirées de l’ambassadeur et une avalanche de références pop-culturelles souvent mises à mal, son approche ne réinvente pas le fil à couper le beurre, mais s’avère diablement efficace et fait fréquemment mouche. Visuellement itou, si ses influences graphiques sont clairement reconnaissables, elles sont surtout totalement assumées. En résumé, tant sur la manière que sur le fond, il prend fièrement le relais des fiers hérauts de la légende dorée gotlibienne que sont Maëster, Larcenet et autres Goossens.
Drôle, hilarant, parfois un peu téléphoné ou daté, L’Abbé ne fait pas le moine distend les zygomatiques et chatouille agréablement la rate ; assurément des signes qui ne mentent pas.
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