D
e nos jours, à proximité du Caire, sur le site de la nécropole de Saqqarah, une équipe d’archéologues s’affaire sur leur chantier. Un escalier très ancien est découvert. Le professeur Clairet et ses assistants, Laurent et Laetitia, explorent une salle dans laquelle trônent deux statues de lions gigantesques et un sarcophage. L’ouverture de celui-ci pétrifie le groupe de chercheurs. Au même moment, dans le collège parisien des Châtaigniers, le cours de français de madame Quémeneur s’achève. À la sortie, Aymeric et Raphaël, les deux copains intellos, ont des démêlées avec Riveran, le cancre multi-redoublant et brutal de la classe. Alors que l’altercation dégénère, surgit un être étrange, qui désarme mystérieusement les agresseurs et disparaît comme il est apparu. Dans le même temps, ailleurs dans Paris, Tristan Milan intervient dans la masure de la mère Fourquier, pour résoudre son histoire de fantômes. Son intervention se termine par une discrète opération consistant à nettoyer la mémoire de la vieille dame. Subitement, Tristan est sommé de rejoindre l’Égypte. Il s’y rend dès le lendemain, accompagné de ses deux filleuls, dont il s’occupe depuis la mort accidentelle de leurs parents, Raphaël et sa sœur jumelle, Raphaëlle. La tombe découverte récemment est l’objet de cette visite soudaine. En effet, les scientifiques ont trouvé, au cœur de ces lieux, inviolés depuis quatre mille cinq cents ans… un ordinateur portable.
Ainsi commence le premier tome de Strom, Les Chevaliers de l’insolite, écrit par Lylian (Le Révérend, Les Mondes d’Ewilan) et dessiné par James Christ (Les Géants, Les Zindics anonymes). Il s’agit de l’adaptation de la trilogie éponyme (Nathan 2010-2011) créée par Emmanuelle et Benoît de Saint Chamas, qui rencontra un vif succès auprès des jeunes. Cet épisode pilote cible la même tranche d’âge avec entrain. Tous les ingrédients du récit d’aventure sont ici présents : une énigme insoluble, une société secrète, la confrontation humoristique entre adolescents et adultes, des mouchards singuliers et un enjeu qui n’est rien moins que la sauvegarde de l’humanité. Les lieux mythiques sont convoqués (l’Égypte, le musée du Louvre). Les registres se mêlent avec bonheur : thriller, science-fiction, ésotérisme. Cet épisode évite les écueils habituels de l’exposition d’une série appelée à avoir une certaine ampleur. Les personnages principaux sont présentés avec subtilité et progressivité, la situation initiale accroche le lecteur, l’histoire est ponctuée de passages humoristiques correctement dosés. Découpage, séquençage et rythme sont parfaitement maîtrisés.
La patte de l’autodidacte James Christ convient totalement à cet univers : son trait est clair et réaliste. Il excelle aussi bien dans l’expression des visages que dans la scénographie d’espaces larges. Le travail du coloriste Cyril Vincent est également à souligner : en plein jour ou dans des environnements enténébrés, il joue avec les lumières et crée ainsi des ambiances immersives. Si les promesses formulées avec cet album introductif sont tenues, une belle saga vient de naître, même si le propos de Men in black n'est pas loin. Elle saura ravir toutes celles et tous ceux qui ne sont pas totalement sortis de l’enfance, et ils sont nombreux parmi les amateurs du neuvième art.
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