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arcinelle, 1943. C’est la guerre, l’occupation. Outre la défaite et les privations, les nazis font main basse sur les journaux afin de contrôler l’information. Pire que tout, la parution de Spirou est interdite ! S’en est trop pour Flup et ses amis, des inconditionnels de la revue de la maison Dupuis. Membres de la première heure du club Les Amis de Spirou (AdS), ils décident de prendre des mesures face à cette injustice et créent une cellule de résistance contre l’ennemi !
Les albums historiques plus ou moins réalistes sur la Deuxième Guerre mondiale mettant en scène des enfants sont un genre en vogue. Les succès des Enfants de la Résistance (Ers/Dugommier), de Madeleine (Bertail/Morvan) ou de L’espoir malgré tout (Bravo) ne sont évidemment pas étrangers à l’intérêt que portent les éditeurs pour ce type de récit. Ceci dit, Un ami de Spirou est franc et droit ne se limite pas à une simple exploitation d’un filon à la mode et repose sur des bases solides, voire graves. En effet, comme le raconte le scénario, deux adolescents faisant partie des AdS s’étaient bel et bien engagés dans la Résistance et avaient malheureusement trouvé la mort en 1944. Jean Doisy, le rédacteur en chef du magazine et grand résistant lui-même, avait écrit un éditorial bouleversant à ce propos. Il est reproduit en guise de postface.
Passé ce moment d’émotion et de souvenir, la lecture de ce premier tome des Amis de Spirou peut enfin commencer. Après une mise en marche un peu bancale – l’enchâssement de la fiction avec de scènes de dialogues postérieures entre Doisy et un prêtre se montre un peu forcé -, l’aventure et la fantaisie prennent rapidement le dessus. Les personnages sont pétillants, les répliques amusantes et ça court dans tous les sens. La gravité de l’époque n’est pas oubliée pour autant et les rappels à la réalité de ces heures sombres sont nombreux et très bien amenés. Jean-David Morvan a su trouver le bon équilibre entre comédie farfelue et sérieux.
Dynamisme et originalité guident la mise en image de David Evrard. Les bouilles sont sympathiques et décidées, le trait caricatural, mais pas trop, et le découpage énergique. Cases incrustées, zoom sur des détails importants ou burlesques, l’ensemble semble toujours en mouvement et file à cent à l’heure. Le tout est emballé par des couleurs très justes signées Ben BK.
BD jeunesse cent pour cent divertissement avec juste ce qu’il faut de travail de mémoire, Un ami de Spirou est franc et droit porte bien son titre. À suivre...
Très bel album que celui-ci.
Le thème traité est à la croisée des chemins, entre l'histoire de Jean Doisy alias le fureteur, le club des ADS (les amis de Spirou), la résistance face à l'occupant nazi.
Bien entendu, des similitudes entre cet album et le Spirou d'Emile Bravo existent, mais je parlerait plutôt de ponts entre les deux, puisqu'il ne s'agit ici pas d'une aventure de Spirou, mais de ceux qui l'ont fait vivre pendant l'occupation belge.
C'est donc bien l'histoire des amis de Spirou croisée à celle de Jean Doisy qui nous est narrée.
On la rapprochera en cela de l'émission radiophonique de France inter Autant en emporte l'histoire, ainsi que du petit théâtre de Spirou, même si ce dernier n'est pas spécifiquement évoqué dans ce premier album.
Autre point très appréciable, le graphisme et la mise en couleurs sont très réussis. L'album est ultra-référencé, avec des inscriptions de partout rappelant la belle histoire des éditions Dupuis et du journal de Spirou, références plus ou moins explicites, plus ou moins cachées, et qui dans tous les cas viennent orner la lecture d'un second plaisir. C'est bien simple, je pense qu'il n'y a pas une seule double page sans au minimum une référence à dénicher.
Concernant l'histoire, même si ce sont celles de jeunes héros, la période trouble ne les épargne pas, et ce n'est pas vous spoiler que de vous dire que 2 des jeunes protagonistes vont mourir , puisque ceci est annoncé assez tôt dans l'album. Le mystère sur leur identité demeure, du moins en partie jusqu'aux dernières pages. Ce ne seront d'ailleurs pas les seuls morts explicitement montrées au court du récit. L'émotion est donc bien présente, mais l'humour et surtout la joie, l'insouciance, l'esprit de résistance sont eux aussi bien amenés.
L'objet album lui aussi est réussi : grand format, vernis pour le titre, les héros et le dessin de 4ème de couverture.
Mais aussi un joli petit dossier intitulé Le saviez-vous, avec une riche iconographie en fin d'album : photos d'époque, couvertures du journal de Spirou, reproductions de planches, de la carte club et de l'original du code d'honneur des amis de Spirou, fanion, articles de Jean Doisy publié dans le Moustique, petite bio de Jean Doisy. Bref, du tout bon d'un point de vue éditorial.
Bref, vous aurez compris, c'est un coup de cœur me concernant, une belle performance de la part des auteurs, et un magnifique hommage à l'histoire des Dupuis et de leur dynastie.
C’est pas mal même si j’ai du mal avec ce qui est soit une mode, soit un style sur lequel je n’arrête pas de tomber et qui me plaît moyennement.
A savoir, ces ouvrages où on parle de plusieurs choses sans que le lien soit assez fort pour que ça marche totalement pour moi.
Là, on a finalement plusieurs histoires.
L’histoire du journal, sa création, le choix du titre et ce qu’il a apporté à de nombreux jeunes.
Mais je ne saisis pas le lien entre Doisy qui raconte les débuts et les jeunes.
Comme si les deux histoires se jouxtaient sur le même pallier d’un immeuble, sans raison…
Les jeunes, ça nous raconte autre chose et, là encore, deux choses… La vie sous l’occupation nazie et la résistance, avec un côté dramatique, et dans la dénonciation, et dans la mort de certains. Ça pourrait être le sujet comme « Le journal d’un ingénu » de Bravo.
Mais c’est aussi une histoire de potes avec des ingéniosités, comme La Ribambelle, un truc léger et amusant…
Bref, trois salles, trois ambiances, j’ai pas trop su vers laquelle me tourner…
Nouvelle série, ma note est donc aussi un peu une note d'encouragement, tout n'est pas parfait dans cet album mais il mérite d'être lu et n'est pas dénué de qualité. J'attends la suite avec impatience pour me faire une idée définitive