D
ans le bus, dans le métro, dans le train, dans l'avion... il y a toujours des dormeurs. Ils sont installés de manière plus ou moins inconfortable. Ils ont parfois la tête penchée, brinquebalant au gré des vibrations, ou appuyée sur la vitre, voire maintenue par la main, coincée dans une position vaguement naturelle.
C'est toujours un instant de relâchement et de vulnérabilité.
Est-ce pour rattraper les quelques minutes de sommeil qui manquent à la nuit ou pour récupérer d'une journée harassante ? Emmanuel Guibert aime surprendre ces moments suspendus et les croque sur le vif, avec les moyens à disposition : crayon, pastel, bic... Le résultat de ces dessins volés se retrouve dans ce livre, témoignage de la virtuosité de l'artiste.
Mais, à voir ces dessins qui ne rendent compte ni des bruits, ni du mouvement de la poitrine, qui marquent la respiration, il devient difficile de définir si les sujets sont endormis ou morts. Partant de cette ambiguïté, l'auteur du Photographe se livre à une série de réflexions sur la mort et la relation que nous entretenons avec elle, que ce soit sur le plan intime ou social. Entre philosophie et souvenirs, les textes dressent un panorama qui explore cette problématique depuis ses aspects les plus anecdotiques jusqu'aux plus profonds.
Comment définir cet étrange objet, à la fois esthétique et littéraire ? Il échappe à toute classification, telle une pensée furtive qui effleure l'esprit avant de s'envoler. Plus que tout, il appelle à une forme d'abandon, entre plaisir des yeux et envie de réfléchir, à la manière une parenthèse dans la frénésie du monde, à l'instar de ceux qui s'extirpent de cet engrenage le temps d'une sieste dans les transports en commun.
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