A
nna Devemy et Bran arrivent à l’institut Razède afin d'enquêter sur la disparition de deux pensionnaires. C'est l’occasion d’interroger enfin la maitresse des lieux, Bettica Batenica. Une rencontre qu’ils ne sont pas près d’oublier… enfin, façon de parler !
Romane Granger est, à l’instar de Lucrèce Andreae ou bien encore d’Ariana Melone, de ces jeunes autrices qui, dès leurs premiers albums, imposent leur univers avec une maturité qui a de quoi déconcerter.
Structurant son approche graphique selon une ligne des plus minimalistes, Romane Granger réduit le format de son album de manière à ne pouvoir disposer que de deux cases, tout au plus, qu’elle remplit d’un graphisme qui se joue de la simplicité comme des constructions plus complexes, et décline sa couleur en aplats selon une gamme chromatique au dépouillement trompeur. Faussement minimal, son dessin rythme, dans ses variations de ligne, de formes ou de texture, un récit qui s’avère être la véritable perle de cet album écrin à la pagination forcément conséquente.
Si l’esthétique possède son importance, Bettica Batenica est cependant une bande dessinée où le scénario prime et, pour l’heure, il est question de mémoire et de son corolaire, l’oubli. L’individu se construit sur ses souvenirs, mais lorsque ceux-ci sont douloureux, ils deviennent autant de fardeaux qui encombrent indument l’existence ! Alors pourquoi ne pas les éradiquer ? Mais oublier, afin d’accéder à la plénitude, relève de l’injonction contradictoire, puisque le souvenir est consubstantiel à la conscience de soi. Romane Granger entrouvre dès lors une porte vers une réflexion abyssale quant à notre capacité d’auto-distanciation et à la solution perlée d’une amnésie généralisée faussement sélective qui conduit au néant.
Bettica Batenica mélange savamment les genres narratifs et graphiques au service d’une subtile métaphore.
Romane Granger… Retenez bien ce nom !
Atypique et original, je reste un peu sur ma faim. Il manque un petit twist, un petit quelque chose pour que ça passe de bien à grandiose