N
om : De Chamberly
Prénom : Constantin
Classe : barbare (sanguinaire)
Qualité : esthète et humaniste
Défaut : euh.. pareil ?
Après Jules César façon menu du jour et Bonaparte en fin de vie, Karibou revisite à sa manière l’heroic fantasy avec Constantin de Chamberly. Et si Conan était doté, en plus de sa force et son courage légendaire, d’une conscience sociale et progressiste ? L’idée de départ est simple, ses développements et son exploitation sans limite. Situations improbables, dialogues délirants et absurdité permanente, le recueil est un concentré de rigolades et de moments WTF tous plus explosifs les uns que les autres. Entre le Donjon du duo Sfar/Trondheim et l’esprit d’un Alexis, Karibou se démarque en puisant avec frénésie dans les -ismes du moment (sans oublier un programme écologique d’avant-garde) et les injecte au cœur d’un univers médiéval fantastique qui n’avait pourtant rien demandé. Ce choc entre coups de massue et dialectique est pétulant, pour ne pas dire bouillonnant.
Cependant, l’exercice montre ses limites sur la longueur (la deuxième partie de l’album consacrée à la campagne électorale tourne un peu à vide). Heureusement, dans son ensemble, l’ouvrage est suffisamment riche en blagues pour satisfaire les amateurs de bons mots les plus exigeants.
Autre bémol, la réalisation graphique d’Arnaud De Viviers s’avère en retrait. Style brouillon, trait trop lâché et couleurs sans relief, le dessinateur semble surtout ne pas avoir su comment aborder cette parodie. En dehors d’un certain talent pour la caricature et le grotesque, les personnages et les décors respectent globalement les canons du genre. Simplement, ce qui aurait pu passer pour une confrontation amusante entre aventures classiques et propos totalement déplacés accouche d’une souris tant les planches sont floues et imprécises. Résultat, au lieu d’apporter un niveau de décalage supplémentaire, ces illustrations convenues et inégales rendent la lecture fastidieuse. Dommage.
Parfois, le plumage n’arrive pas à suivre le ramage. Scénario piquant et détonnant, mise en images décevante, Constantin de Chamberly aurait pu être une œuvre culte. Pour autant, tout n'est pas perdu pour le lecteur qui en sera quitte avec un nombre impressionnant gags hilarants en guise de consolation.
Inattendue et décalée, l'idée de base perd malheureusement de son souffle au fur et à mesure de la lecture. Dommage, car la première partie de l'album est vraiment très bonne !