Les héritiers (Cezard) Les héritiers

U niversitaire studieux et rationnel, Joseph travaille à temps partiel dans une librairie ésotérique. Son patron conspirationniste et lui n’ont pas tout à fait la même définition de la raison et de la vérité. Le thésard est néanmoins invité à participer à une expédition au « pôle Sud historique » pour démontrer que celui-ci n’existe pas et, accessoirement, que la Terre est plate.

Le scénario des Héritiers apparaît étrange. Au départ, le lecteur croit qu’il assistera à la confrontation du vrai et du faux, à un démontage en règle des canulars et des faits alternatifs. Il n’en est pourtant rien. Le récit bascule plutôt dans un mélange d’ésotérisme, de surnaturel et de saut temporel, sur fond de réchauffement climatique et d’apocalypse. Pour tout dire, le bédéphile a du mal à comprendre l’intention du scénariste. Ce dernier a mis beaucoup d’idées dans une seule histoire et, au final, la lisibilité de l'ensemble en souffre.

Ce type de sujet appelle souvent à un dessin grandiloquent avec force détails. Bien au contraire, l'approche s’apparente à celle du roman graphique : cent trente pages, en noir et blanc et petit format. Les illustrations de Pierre-Yves Cézard relèvent de l’esquisse rehaussée au lavis ; le style, dépouillé, est à mi-chemin entre le caricatural et le naïf.

Il y a quelque chose qui évoque la nostalgie et l’enfance dans cet album, disons-le sans queue ni tête, mais néanmoins sympathique. La facture de l’objet, semblable à un vieux livre avec beaucoup de vécu, renforce d’ailleurs cette perception. De bonnes choses se trouvent dans cette intrigue, mais peut-être l’auteur aurait-il gagné à adopter une ligne directrice moins sinueuse.