I
l est auteur. Oh, pas auteur à succès, les quelques exemplaires de son œuvre qui ont échappé au pilon et qui embarrassent son appartement en témoignent. Cet appartement d’ailleurs c’est comme si on lui avait offert d’y habiter. Assez vaste, au cœur de la ville, avec une vue immanquable sur la jolie voisine qui a l’aimable habitude de s’effeuiller devant sa fenêtre. Si ce n’est pas un loyer, il doit pourtant bien y avoir un prix à payer.
Il y a d’abord cette couverture, magnifique, qui sait réveiller la curiosité de tout voyeur, qu’il ait le sommeil léger ou non (qui ne l’est pas au moins un peu ?). Ce format aussi dont on se réjouit de constater qu’il n’est plus réservé à la belle collection Carrément BD de Glénat et qui attire l’attention. Cette utilisation de la bichromie rouge - noir qui donne un cachet, des allures de polars. Ce trait, d’inspiration ligne claire, plein de sensualité qui met si bien en valeur les charmes d’une héroïne apparemment frivole et pourtant troublante. Les décors méritent également le détour. Un bien bel écrin en somme, nécessairement au service d’une histoire.
A l’origine et au premier coup d’œil, on subodore que l’esprit de Roman Polanski plane. A cause du titre bien sûr qui sonne comme celui d’un de ses films les plus récents qui présentait un rôle féminin intrigant. Et surtout, pour le thème général, à son excellent Le locataire, d’après un livre de Topor, réalisé des années plus tôt. Un pur joyau dans sa construction. La comparaison flatteuse s’efface à mesure que l’on progresse dans la lecture. Ici, difficile d’y voir clair dans ce récit curieusement structuré dans lequel on se perd sans y prendre réellement du plaisir. Égarer le lecteur pour lui faire partager les sentiments du personnage principal ? C’est un pari qui passe par une identification totale pour le lecteur. Là, trop de mystère tue le mystère. On finit par se concentrer seulement sur la forme sans être impatient de voir le voile se lever dans un prochain livre, oubliant même au passage de quoi il retourne.
Remarquez on ne pourra pas dire qu’on ne nous avait pas prévenu. Le titre de ce Livre I c’est Amnésia et il s’ouvre sur un conseil : « Ne cherchez plus à comprendre… ».
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