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ai 1903, Théodore Roosevelt participe à une randonnée en compagnie du naturaliste John Muir. Présentant au président la nature californienne, l’homme des bois lui souffle l’idée de créer des parcs où elle serait préservée. Pendant la balade, l’écologiste raconte ses années d’errance consacrées à l’observation de la faune, de la flore et de la géologie. Il lui explique que, promis à un avenir brillant et lucratif, il préfère errer à travers les États-Unis, d’où le titre, a priori étrange : J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond.
Les épisodes se suivent et se ressemblent ; seuls les décors changent. Le protagoniste est fauché, se trouve un petit boulot, gagne quelques dollars, puis repart s’imprégner de la grandeur de la vie sauvage. En cela, le scénariste fait écho, dans son fond comme dans sa forme, au message que l’environnementaliste a livré au politicien il y a cent vingt ans. Une charmante jeune dame arrive à mettre le grappin sur le marginal, mais la famille apparaît accessoire dans ce destin inscrit sous le signe de l’aventure.
Le scénario évite heureusement de basculer dans un prêchi-prêcha convenu et agaçant. Le bédéphile a du reste l’impression que le cœur du propos n’est pas dans le livre. Le rêveur a entrevu le péril et sa prophétie n’a pas été entendue. Un siècle plus tard, d’une COP à l’autre, les États peinent à respecter leurs engagements et rien ne va plus, un peu comme si chacun avait finalement décidé d’être millionnaire, et basta pour le reste.
Auteur complet, Clément Baloup propose un dessin agréable. Il prend visiblement plaisir à illustrer les grands espaces chers à son héros. Sur un encrage léger, il pose de jolies couleurs réalisées à l’aquarelle. C’est sa façon à lui de célébrer la nature.
Un récit impressionniste, en apparence banal, portant tout de même à réfléchir.
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